La 2e matinée de l’université d’été du MNLE – Réseau Homme et Nature a été consacrée à l’évolution de la biodiversité, sur terre comme sur mer, en fonction de l’évolution climatique et de l’impact des activités humaines, par Charles-François Boudouresque, professeur émérite MIO (Mediterranean Institut of Oceanography) Aix-Marseille université et université de Toulon.
26e université d’été 2021 – Comment en est-on arrivé là ?
La première matinée de la 26e université d’été du MNLE – Réseau Homme et Nature a été consacrée à l’analyse par Jean-Claude Boual de la situation dans laquelle nous sommes arrivés, sur le climat et la biodiversité et les questions sociales. Quels rôles joués par la législation, les institutions, les politiques…
« Nous voulons briser le silence sur les conséquences de l’agent orange au Vietnam »
Tribune du Collectif Vietnam Dioxine parue dans le Monde du mardi 10 août 2021.
Il y a des drames qui tombent dans l’oubli ; des histoires qui, à force de rester dans
l’ombre, s’éteignent avec les individus qui les portent.
Il y a soixante ans, le 10 août 1961, débutaient les premiers épandages d’agent orange, un
puissant herbicide contenant de la dioxine, substance à l’origine de nombreux cas de cancers
et de malformations à la naissance.
Cet herbicide a été déversé sur la partie sud du Vietnam par l’armée des États-Unis pendant la guerre du Vietnam, afin de détruire le couvert végétal et débusquer, ainsi, les résistants
vietnamiens qui s’y réfugiaient.
Il y a soixante ans, l’histoire de cette guerre commençait à peine à s’écrire, mais que nous
reste-t-il de ce récit ? Nous, citoyens d’un pays, la France, qui a colonisé le Vietnam à partir
de l’année 1858, qui a recruté de force des « soldats ouvriers » (les « Linh Tho » lors de la
première guerre mondiale, puis les « Cong Binh », durant la seconde) ; qui, au sortir de la
deuxième guerre mondiale, lui a refusé l’indépendance en combattant celles et ceux qui
luttaient pour ce droit inaliénable, et qui depuis 1975, a accueilli des centaines de milliers de
Vietnamiens sur son sol, que savons-nous de leur histoire ?
Dans les livres d’histoire-géographie, au collège et au lycée, la guerre du Vietnam est
évoquée. On y apprend qu’elle débute en 1955 et oppose, d’une part, la République
démocratique du Vietnam (Nord Vietnam) avec son armée populaire vietnamienne – soutenue matériellement par l’Union soviétique et la Chine – alliée au Front national de libération du Sud (appelé Vietcong par ses ennemis) et, d’autre part, la République du Vietnam (Sud Vietnam), soutenue par l’armée des Etats-Unis et plusieurs alliés comme le Canada, l’Australie, la Corée du Sud et les Philippines.
L’illusion d’une guerre lointaine
L’enseignement se contente aujourd’hui de balayer les grandes lignes, en omettant les
conséquences désastreuses – et pourtant terriblement actuelles – de la guerre sur les
écosystèmes et les habitants. Il omet aussi, bien trop souvent, d’appuyer la différence entre le napalm et l’agent orange, dont les Français ne discernent pas toujours la nature, sans doute à cause de l’absence à l’époque de représentations des ravages causés par l’agent orange et du cliché, devenu célèbre, d’une enfant vietnamienne brûlée au napalm en 1972.
Mais surtout, il nous donne l’illusion d’une guerre lointaine, passée. Pourtant, cette guerre,
pour les anciens combattants et leur descendance, est loin d’être derrière eux, loin de se taire, au contraire. Insidieuse, elle s’insère encore dans les corps ; meurtrière, elle continue de semer la mort et le désespoir dans les familles – qui y voient, en plus, un signe de punition.
Le Vietnam et sa population se sont habitués à ces visages et ces corps tortueux, tant dans les provinces d’Hanoï et de ses environs que dans le sud du pays. C’est dans un terrible silence, que ces vies passent, parfois sans même avoir eu connaissance d’être victimes des
conséquences des épandages. Et c’est ce silence que nous souhaitons définitivement briser.
Au Vietnam, l' »agent orange » répandu par les Américains continue de tuer.
Toutes ces victimes, malades d’un passé dont elles ne sont pas responsables, subissent de
nombreuses peines : l’absence de reconnaissance juridique dans leur pays et à l’international – contrairement aux vétérans américains –, des conditions matérielles insuffisantes et une quasiabsence de commémoration à l’international, pourtant si nécessaire à la reconstruction d’un peuple, à sa mémoire. Ce travail manque, au Vietnam comme dans les autres pays où les récits se sont mêlés, via les diasporas.
Une journée officielle de commémoration
Les associations sur place, chargées d’identifier les lignées de familles potentiellement
touchées rencontrent toujours une grande difficulté à identifier les personnes les plus
vulnérables qui se cachent par honte des malheurs qu’elles pensent porter, et par manque
d’informations dans leur pays d’origine ou d’accueil.
C’est pourquoi nous demandons, au nom du Collectif Vietnam-Dioxine, aux parlementaires
français de participer à la réparation de l’injustice subie par l’ensemble des victimes de
l’agent orange, en considérant ce crime commis au Vietnam et dans les pays voisins, comme
au Cambodge et au Laos.
Nous demandons l’instauration d’une journée officielle de commémoration des victimes de l’agent orange, ainsi qu’une meilleure prise en compte, dans l’enseignement scolaire, des incidences de la guerre du Vietnam sur les populations et l’ensemble des écosystèmes.
Lire aussi « Agent orange » : les demandes d’une Franco-Vietnamienne contre
14 multinationales jugées irrecevables
Nous continuerons, de notre côté, à nous mobiliser, et à participer à l’effort de mémoire du
Vietnam, pays dont le cri, étouffé par l’impérialisme des États-Unis, commence à peine à se
faire entendre.
Nous appelons, enfin, l’appui et le soutien de la communauté internationale, car la paix n’est
pas seulement un mot, ni même un état d’esprit, et ce combat pour le surgissement du possible n’est pas seulement un espoir, c’est aussi un travail collectif.
Signataire : Léa Dang, journaliste, cofondatrice et porte-parole du Collectif VietnamDioxine.
Cette tribune est soutenue par : Marine Bachelot Nguyen, autrice et metteuse en
scène ; Valérie Cabanes, juriste Internationaliste, autrice de « Un nouveau Droit
pour la Terre. Pour en finir avec l’écocide » (Seuil, 2016) ; Marine
Calmet, présidente de Wild Legal ; Arturo Escobar, auteur « colombianoétasunien » ; Malcom Ferdinand, chercheur au CNRS, spécialiste des interactions
entre l’histoire coloniale et les problématiques environnementales ; Thomas
Portes, porte-parole de Génération.s ; Louis Raymond, journaliste ; Dilnur
Reyhan, présidente de l’Institut ouïghour d’Europe ; Alain Ruscio, historien ; Marie
Toussaint, cofondatrice de l’association Notre affaire à tous, députée européenne
(EELV) ; Valéry Vuong, vice-président du Conseil représentatif des associations
asiatiques de France (CRAAF
Aire des Vents – Communiqué de presse suite aux décisions de la CAA de Paris
Après l’annonce des décisions de la Cour Administrative d’Appel de Paris le 8 juillet 2021 !
Contrairement au choix fait le 7 avril 2021, suspendant les travaux sur l’Aire des Vents, la CAA de Paris du 8 juillet 2021 vient de suivre l’avis de son rapporteur public et rejette nos deux requêtes en cours.
La volonté de destruction de 10 hectares du parc Georges Valbon pour une opération de promotion spéculative et immobilière est confirmée. Début juillet le MNLE a adressé une lettre ouverte aux conseiller.e.s départementaux de Seine-Saint-Denis, nouvellement élu.e.s.
Le cluster des médias n’était pas demandé par le CIO. Il pouvait être construit en provisoire. C’est le conseil départemental et le maire de Dugny qui ont pris la décision de la construction de 1300 logements et d’accroitre de 40% la population de Dugny. La décision de cession de ce bien public, espace vert commun, a été prise sur la base d’une évaluation réalisée par un organisme incompétent et à un prix très inférieur à celui du marché. Ce constat est public.
Malgré les moyens mis en œuvre par le ministère de l’Ecologie et la SOLIDEO, ils n’ont pas réussi à priver les requérants et leurs associations de leur « intérêt à agir » pour la défense d’espèces protégées. La « raison impérative d’intérêt public majeur évoquée » par la loi olympique reste très contestable. Ce projet arbitraire et autoritaire va laisser le triste héritage de la suppression d’un corridor écologique indispensable pour la faune du parc Georges Valbon et amputer la trame verte et bleue de l’Ile-de-France.
Après la Conférence Citoyenne sur le Climat vidée de son contenu par le gouvernement notamment avec la loi « climat résilience », les conclusions de la CAA de Paris du 8 avril démontrent que notre pays n’est pas sur la bonne trajectoire climatique comme vient de le souligner le Conseil d’Etat. Les mots et le greenwashing ne suffisent plus, il faut des actes. C’est le contraire qui est affirmé dans la décision d’aujourd’hui.
Ensemble, citoyens, associations, collectifs et élus, construisons les rassemblements qui permettront des avancées démocratiques et citoyennes ainsi que des réponses environnementales et sociales prenant en compte les besoins des populations de Seine-Saint-Denis. Notre force est dans notre nombre et notre engagement individuel et collectif.
Pantin le 8 juillet 2021
Parc Georges Valbon – Aire des Vents Lettre ouverte aux élus du Conseil Départemental de la Seine-Saint-Denis
Extrait:
« La CAA de Paris rendra ses conclusions le 8 juillet prochain. Quoi qu’il arrive, nous continuerons à mobiliser contre ce projet destructeur ainsi que sur de nombreux autres projets dans le département. Aujourd’hui, il faut augmenter les espaces de nature dans nos villes pour l’humain et le vivant, c’est une question de santé publique.
Il est temps de repenser la ville en sortant de cette artificialisation frénétique contraire aux exigences climatiques. Le département a longtemps été un modèle de bonne gestion de son foncier par l’aménagement de grands espaces verts essentiels au bien-être de ses habitant.e.s et respectueux de l’histoire de leur territoire.
Aujourd’hui, le nouveau Conseil départemental est installé, vous devez votre élection à une minorité d’inscrits (entre 13 et 23% au second tour), moins d’un votant sur 4.
Une majorité boudent les urnes, marque son manque de confiance envers ses représentants, la légitimité des élus est mise à mal. L’abstention devient un acte politique.
Les années de déceptions, de désillusions, de décisions prisent en cabinet et les difficultés vécues conduisent à la situation dans laquelle est englué le système représentatif.
Il est encore possible d’inverser cette situation dangereuse en contribuant à faire la démonstration que la politique est bien l’affaire de toutes et de tous. Nous proposons de dépasser la toute légale démocratie représentative pour inventer une autre logique de gestion qui intervertit les rôles entre décideurs « les gens » et metteurs en œuvre « les élus ».
Il s’agit de donner systématiquement les moyens d’une intervention continue, éclairée et d’un suivi effectif de l’action des élus chaque jour de leur mandat. Il s’agit surtout de permettre l’expression des besoins, de faire de la démocratie continue sous deux conditions :
-
Accepter d’être contesté, mis en cause et partager les actes de gestion.
-
Mettre à disposition tous les outils de la démocratie continue et les moyens du contrôle.
Aujourd’hui, nous vous appelons à la raison environnementale et sociale.
Nous vous demandons de fixer enfin, avec le plus grand nombre d’habitant.e.s, les limites à cette urbanisation croissante et désordonnée qui se sert, entre autres, d’une prétendue légitimité populaire d’évènements sportifs pour transformer brutalement et à marche forcée notre département et notre région. Urbanisation répondant aux décisions du Grand Paris, excluant les habitant.e.s les plus défavorisé.e.s.
Tout peut encore être modifié, vous en avez la possibilité, directement ou indirectement. En ce qui nous concerne, nous sommes déterminés, par toutes les formes d’actions, à faire en sorte qu’aucune urbanisation n’ait lieu sur l’Aire des Vents, partie intégrante du Parc Georges-Valbon. Elle doit être améliorée et restituée aux habitant.e.s. Tout comme doivent être préservés les jardins ouvriers d’Aubervilliers, la santé des enfants du groupe scolaire Pleyel Anatole France à Saint Denis, la Corniche des Forts à Romainville, la cité Pierre Sémard au Blanc-Mesnil, en reconvertissant les espaces ouverts (délaissés routiers, ferroviaires, friches) au profit d’espaces publics végétalisés et/ou nourriciers. » ….
Nouveau communiqué du MNLE Réseau Homme et Nature sur les Zones à Faible Emission
ZONES A FAIBLE EMISSION (ZFE)
COMMUNIQUE DU MNLE
En mars dernier, nous vous avions informés par communiqué de l’existence du décret mettant en œuvre les Zones à Faible Emission Mobilité, ainsi que notre façon très négative de penser à ce sujet.
Après LYON en 2020, c’est depuis le 1er juin dernier que ce décret est entré en application à PARIS et dans les Communes situées à l’intérieur du tracé de l’autoroute A 86. De fait, de l’ordre de 150 000 véhicules y sont interdits de circulation dès cette année. Le calendrier prévoit la poursuite de la mise en œuvre de cette mesure : en 2022 interdiction aux crit’air 3 et en 2024 interdiction aux crit’air 2 (sortie totale du diésel), pour aboutir en 2030 à ne tolérer que les véhicules déclarés propres.
PAS DE REELLE CONCERTATION
Tous les franciliens sont concernés, après les lyonnais, et avant les marseillais et toutes les grandes agglomérations. Si une consultation a été organisée par la métropole du Grand PARIS, elle n’a pas eu une large diffusion, et les autorités n’ont pas tenu compte du résultat, puisque cette enquête a recueilli plus d’avis négatifs que positifs.
LE MNLE A PARTICIPE, évoquant les limites d’efficacité de l’opération, et surtout son inéquité.
En effet, cette mesure, aux effets modestes sur la qualité de l’air (d’autant qu’une certaine tolérance semble admise pour certains types de poids lourds….) va mettre en difficulté plusieurs dizaines de milliers de familles, et ne règlera en rien la question des besoins de déplacements, aggravée par la spéculation immobilière. Nous pourrons toujours nous plaindre de plus d’encombrements, de stress…. Les masses d’air étant ce qu’elles sont, la pollution ne s’arrêtera pas à l’A 86 ou toute limite administrative…. Et les concentrations de pollution auxquelles les banlieusards resteront exposés « bénéficieront » tout de même aux parisiens. On peut imaginer que les véhicules bannis des villes centres n’iront pas tous à la casse loin s’en faut : on les retrouvera en grande banlieue, ou dans des pays du tiers monde. La pollution aura été déplacée, mais pas réduite, d’autant que la construction des véhicules dits propres se fait avec des « terres rares », dans des conditions environnementales et sociales déplorables.
Les seules solutions pour améliorer la qualité de vie des habitants sont :
- une maîtrise citoyenne de l’aménagement du territoire, permettant un meilleur équilibre de l’habitat, des activités, des services publics…. sur tout le sol de notre pays, et surtout pas les concentrer dans des métropoles devenus invivables
- un réel développement des transports publics et en accès libre et gratuit, ainsi que des infrastructures multimodales pour le ferroutage, complété par un vrai réseau de circulations douces et fluviales.
- la relocalisation effective des productions agricoles et de biens d’équipement ou de consommation au plus près des lieux d’utilisation
PARIS, JUIN 2021