Avis du MNLE 93 sur la ZAC du Triangle de Gonesse
C’est bien connu, le Triangle de Gonesse est une zone de terres agricoles de qualité exceptionnelle, profondes, maintenant un ilot de fraicheur et utilisées durant des siècles pour nourrir la population parisienne. Ces terres sont devenues un lieu important d’exposition au bruit des aéroports de Roissy et du Bourget. Elles ne doivent pas être urbanisées car interdites en grande partie à la construction d’habitations permanentes. Une enquête d’Airparif en 2024 a aussi démontré qu’a un kilomètre de l’aéroport la pollution de l’air est aussi forte que sur le périphérique de Paris. On ne peut donc pas les urbaniser pour faire un nouveau quartier de ville contrairement à ce qui est souvent écrit.
L’agriculture a disparu au nord sous une zone d’activités, peu dense en emplois, autour d’un golf de 90 ha ; la pointe sud du Triangle est couverte d’entrepôts de logistique tout camion. Aujourd’hui la création d’une ZAC de 120 hectares, au milieu d’un espace agricole fonctionnel des 670 ha restants, aurait pour conséquence la perte d’une surface agricole bien supérieure aux nombres d’ha annoncés. Elle se trouve autour d’une gare prévue pour une tout autre ZAC qui comprenait le projet EuropaCity abandonné en 2019. Cette création de ZAC est bien un exemple d’incohérence de l’aménagement de ce territoire.
La Cité scolaire internationale annoncée est présentée dans le rapport sur la ZAC comme le point 0 du phasage avec une prévision de mise en service en 2028 en même temps que la gare (début des travaux 2026).
Dès l’annonce de la localisation de la cité scolaire avec internat sur le Triangle de Gonesse, nous nous sommes étonnés de l’emplacement choisi compte tenu des règles en matière d’urbanisme, relatives au plan d’exposition au bruit (PEB) des aéroports de Roissy et du Bourget. La situation de proximité des deux aéroports et de grands axes routiers Autoroutes A1/A3, BIP et RD 317 est incompatible avec la santé et la qualité de formation des jeunes.
En zone C des PEB, hors zone urbaine, le logement permanent ne peut y être construit. Selon la jurisprudence, un internat comme tout logement étudiant est bien du logement permanent, considéré donc comme résidence principale et non comme de l’hôtellerie qui est du logement temporaire. Ainsi le Triangle de Gonesse ne peut être un quartier d’habitation de la ville de Gonesse.
Dans les documents en réponse à la MRAe, l’aménageur indique : « De plus, les recommandations de l’OMS seront atteintes en extérieur concernant : le bruit routier sur la partie Nord du site du projet, à la fois pour les indicateurs Lden et Ln et le bruit ferroviaire sur la majorité du site du projet ». Pourquoi n’est-il pas fait mention du bruit des avions ?
L’aménageur traite des niveaux sonores à l’intérieur des bâtiments tandis que les usagers, en particulier les internes, les fonctionnaires et leurs familles ne peuvent rester entre quatre murs 24h sur 24, fenêtres fermées. D’ailleurs, désormais les riverains de Roissy CDG dénoncent la limite de l’insonorisation. Or ,mis en échec sur le terminal 4, ADP et le lobby aérien proposent une augmentation du trafic aérien de +19 % d’ici 2050 soit le supplément journalier de 344 mouvements d’avion.
Depuis son annonce, la Cité scolaire a fait l’objet d’études précises, avec des délibérations confirmant la localisation proche de la gare sur le Triangle de Gonesse et indiquant la composition des bâtiments à la classe près, dont 20 logements de fonction, eux aussi non compatibles et qui ne doivent pas être réalisée en zone C du PEB. Cette localisation sur le Triangle de Gonesse est imposée sans aucune concertation.
La Cité scolaire internationale, si elle doit se créer, doit être, en tant que service public, localisée dans la zone urbaine où habitent les jeunes et non en plein champs loin des habitations, donc proche d’une gare comme le RER D qui dessert les villes du Val d’Oise. Le site de la friche hospitalière de Villiers-le-Bel, dont l’aménageur est également GPA, serait plus favorable. Il est en zone urbaine, deux fois plus éloigné des pistes des aéroports et proche d’un complexe sportif et de la gare de Villiers le Bel.
La ZAC serait l’occasion d’implanter un échangeur permettant d’y accéder. N’est-ce pas la porte ouverte pour l’entrée et la sortie pour les poids lourds qui alimenteraient les activités prévues sur la ZAC, donc le risque d’installation d’entrepôts de logistique ? C’est un point majeur dans ce secteur proche de Roissy et desservi par l’autoroute A1. Il suffit de regarder comment se sont remplies les ZAC voisines. Un accès des voitures ne peut donc se justifier que par l’existence du parking silo créé au niveau du pôle d’échanges pour « rentabiliser » la gare, qui comme la ligne 17 restera un gouffre financier.
La qualité des sols, l’histoire agricole et nourricière du Triangle de Gonesse, peuvent permettre la réorientation du projet de ZAC vers les ambitions nourricières et durables portées par l’association territoriale « AgriParis Seine ». Constituée en juillet 2023 ,c’est une association territoriale entre sept collectivités importantes : la Ville de Paris, la MGP, Eau de Paris, la Seine Saint Denis, les Métropoles du Havre et de Rouen et le Nord de l’Yonne. Elle a pour objectif la structuration de filières pour la production de denrées pour la restauration collective 100% bio et durable à moins de 250 km. Il est temps de recréer une ceinture maraichère, d’agroforesterie vivrière, de circuits courts permettant d’accroitre la souveraineté alimentaire des populations d’Ile de France. Le Triangle de Gonesse peut y contribuer.
NOUS DEFENDONS LE PARC DU CAMPUS CONDORCET
Pantin, le 12 mai 2025
Le MNLE 93 a participé le 6 mai 2025 au « pique-nique mobilisé » avec une centaine de participants, à l’appel de l’intersyndicale du Campus Condorcet et le collectif « Appel pour un campus vert et ouvert », pour défendre le parc de l’ilot 4 menacé par le projet de construction d’un nouvel immeuble.
La destruction de ce parc de 10.000 m² ouvert aux habitants, étudiants, chercheurs et universitaires du Campus, dans une ville comme Aubervilliers la plus carencée de Seine-Saint-Denis en espaces verts, est un non-sens du point de vue écologique et une atteinte à la qualité de vie des gens qui y vivent et y travaillent. Aubervilliers ne compte que 1,40 m² d’espaces verts par habitant alors que les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sont de 10 m² pour éviter les ilots de chaleur et leurs conséquences sur la santé et la qualité de vie.
C’est ce que démontre la communauté scientifique dont les travaux portent sur les questions environnementales et de santé, dans un contexte où le réchauffement climatique impose l’urgence d’arrêter l’artificialisation des sols et de se mobiliser pour la renaturation des villes.
Cette construction programmée par la direction de l’Etablissement public, qui doit faire l’objet d’un concours d’architecture dont le jury se réunit le 9 juillet prochain, n’a pas d’utilité. Plusieurs bâtiments du quartier de la Plaine-Saint-Denis sont actuellement inoccupés et pourraient faire l’objet d’une restructuration pour accueillir de nouveaux acteurs et répondre aux besoins du Campus. L’intersyndicale et une quinzaine de laboratoires installés ont voté des motions pour que cette décision fasse l’objet d’un moratoire permettant d’ouvrir un débat autour des différentes options et études de faisabilité pour transformer les bâtiments vides et préserver l’intégralité du parc.
Nous partageons pleinement cet objectif, ainsi que les engagements défendus en 2022 dans le « Manifeste pour un Campus vert et ouvert ». Cette lutte doit être absolument relayée dans l’ensemble de la ville d’Aubervilliers. Elle ne peut pas rester le seul fait de la communauté scientifique et universitaire du Campus, à l’heure où les effets des dérèglements climatiques nous obligent à repenser fortement nos pratiques et nos usages, avec la multiplication d’espaces verts et d’ilots de fraîcheur dans l’espace public et l’arrêt des projets de bétonisation.
Nous appelons à soutenir cette lutte et à participer massivement à la prochaine action prévue
le jeudi 12 juin 2025 à 18h autour d’un apéro pour la sauvegarde de l’ilot 4 du Campus Condorcet sur le parc en face du 5 Cours des Humanités à Aubervilliers.
Web TV du MNLE juin 2025
Dans cette web TV, Christian Pellicani revient sur la conférence – débat sur Les inondations en questions en Nord Pas de Calais qui s’est tenue le 14 juin 2025 à Lambes Lez Douai.
Intelligence artificielle – quels enjeux ?
Chloé Maurel, vous invite à la prochaine conférence -débat du MNLE qui aura lieu à la Sorbonne le lundi 2 juin à 18:30. Elle sera consacrée à l’IA, l’intelligence artificielle. Quels sont ces enjeux, quels risques, quelles potentialités ? Venez en débattre. Inscription auprès de Chloé Maurel – chloemaurel7@gmail.com
Carafe d’or et Broc de plomb 2025
Pour la 4e année, le MNLE Réseau Humanité & Nature vous propose de décerner la Carafe d’or ou le Broc de plomb.
La Carafe d’or ira à l’association, la collectivité ou la personne qui, par son action ou sa réflexion, participe au mouvement pour « l’eau, bien commun de l’humanité ».
Le Broc de plomb sera décerné à une association, une collectivité, une personnalité qui n’agit pas dans le sens de l’intérêt général: les gaspilleurs, affairistes, pour qui l’eau n’est que source de profits.
Liste complète des nominations à la carafe d’or et au broc de plomb :
La carafe d’or
1 – La Coalition « STOP EMBOUTEILLAGE » pour les actions menées contre la privatisation de l’eau et la mise à l’arrêt définitive de la filière de l’embouteillage industriel de l’eau.
La Coalition comprend : les collectifs Eau 88 Vittel, L’eau qui mord Vittel, Volvic nous pompe, Eau Secours Saulnois, Stop Embouteillage Divonne, l’Association Agréée pour la Protection des Rivières Ariégeoises Le Chabot. Contact : stop-embouteillage@riseup.net
2 – Eau de Paris pour avoir engagé la bataille juridique contre la Compagnie Bridge Energies pour l’annulation du projet de forages pétroliers à Nonville en Seine-et-Marne afin de protéger l’eau potable distribuée à 180.000 parisiens des risques de pollution des nappes phréatiques. Action soutenue par plusieurs collectivités et associations de défense de l’environnement.
3 – Le maire de Nonville en Seine-et-Marne – Jean-Claude Belliot – et son conseil municipal pour s’être opposé à l’arrêté préfectoral autorisant la Compagnie pétrolière Bridge Energies à forer deux nouveaux puits de pétrole sur son sol.
Le broc de plomb
1 – La multinationale SUEZ – ex Lyonnaise des Eaux –en situation de monopole pour le traitement et la distribution de l’eau du sud francilien détourne le bien public depuis plus de 20 ans et pratique des tarifs abusifs.
2 – Nestlé et le scandale de la pollution de ses eaux en bouteille. La multinationale a eu recours à des systèmes de traitement de l’eau illicites alors que les sources qu’elle exploite sont contaminées, notamment sur les sites des eaux Hépar, Perrier et Vittel.
3 – Le SEDIF et le retour de l’Osmose Inverse Basse Pression (OIBP) qu’il définit comme « un projet industriel d’ampleur pour une eau plus pure, sans calcaire et sans chlore ». Ce nouveau système de « filtration membranaire haute performance » sera installé dans les 3 usines principales d’Ile-de-France pour un coût estimé à plus d’un milliard d’euros, un investissement colossal qui sera supporté à terme par les 4 millions d’usagers d’Ile-de-France et une question environnementale non réglée avec les rejets concentrés de polluants.
Vous pouvez voter ici :
https://framaforms.org/carafe-dor-et-broc-de-plomb-2025-1696516681