PARIS, MARS 2021

Zone à Faible Emission (ZFE)

Un décret N° 2020-1138 du 16 septembre 2020, émanant du ministère de la transition écologique oblige plusieurs concentrations urbaines à créer des « Zones à Faible Emission mobilité », en particulier en Ile de France. Ainsi, les 131 Communes de la métropole du Grand Paris sont impliquées. Mais, dans un avenir proche, seules celles situées à l’intérieur de l’A 86 seraient touchées par des mesures interdisant aux véhicules dits les plus polluants d’y circuler. Pour parer aux critiques contre ces mesures discriminatoires, des aides au remplacement sont annoncées, sans que l’on en connaisse les modalités, ni surtout l’efficacité.

Si certains vont applaudir une telle obligation, nous ne sommes pas de ceux-là.

En effet, ce décret va mettre dans l’embarras un grand nombre d’habitants modestes obligés de recourir à la mobilité individuelle. Nous pensons en particulier au département de Seine-Saint-Denis, qui souffre déjà de tant d’inégalités. Dans certaines Communes, c’est près des deux tiers des voitures qu’il conviendrait de remplacer. C’est d’ailleurs impossible en pratique dans les délais impartis (application dès cet été, et verbalisations dès 2022!). A moins d’importations massives, les constructeurs français n’ayant eu de cesse, malgré les aides gouvernementales, de dégraisser leurs effectifs et leurs capacités de production sur notre sol.

Et ce décret ne règle en rien les vraies causes de la pollution dues aux transports :

  • l’augmentation sans cesse des distances domicile / travail, en particulier du fait de la spéculation foncière ;
  • l’augmentation de la population en Ile de France, alors que les statistiques montrent que plus il y a concentration, plus il y a de pollution et de décès prématurés ;
  • l’impact des livraisons de biens de consommation et d’équipements dont les provenances sont toujours plus lointaines, pour cette population en hausse.

Nous notons que les différences entre les véhicules « crit’air » 2 (autorisés) et 3 (interdits) ne sont pas si importantes : ce décret n’améliorera qu’à la marge le niveau de pollution. Et rappelons que les véhicules revendus partent souvent à l’étranger, déplaçant la pollution, sans la réduise globalement. Et que dire de la pollution « externalisée » pour la fabrication des véhicules électriques, utilisant des « terres rares », extraites dans des conditions environnementales et sociales désastreuses.

Il apparaît que, comme nous y sommes maintenant et malheureusement habitués, le gouvernement fait de la communication, mais ne règle pas les problèmes.

Pour nous, la pollution dans les métropoles ne peut se résoudre qu’en appliquant les politiques suivantes :

  • reprendre en main l’aménagement du territoire pour rééquilibrer habitat, travail et loisirs sur l’ensemble du territoire national, et limiter ainsi l’afflux de nouvelles populations dans les métropoles ;
  • développer réellement les transports publics, et les rendre d’accès libre (ils n’ont fait que suivre difficilement l’évolution de la population, c’est pourquoi leurs conditions d’utilisations sont si déplorables) ;
  • lutter efficacement contre la spéculation immobilière en veillant à ce que la mixité sociale soit réelle, sans se contenter d’inviter les populations aisées à venir dans les banlieues, mais en implantant de nombreux logements sociaux dans les centre villes et à proximité des lieux d’implantation d’activités.
  • Relocaliser au plus près des lieux de consommation les lieux de production, dans tous les domaines : alimentation, biens d’équipement etc.

Mais cela, la « main invisible du marché » ne sait pas faire, et il faut des interventions politiques fortes, ce que demande le MNLE.

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