
Paris, le 28 juillet 2025
DÉMISSIONS A LA MRAe : ALERTE POUR L’ÉCOLOGIE ET LA DÉMOCRATIE
Le 18 juillet 2025, les membres de la Mission régionale d’Autorité environnementale (MRAe) d’Île-de-France ont annoncé leur démission collective, effective en septembre. Leur décision dénonce la perte d’indépendance de leur instance, pourtant essentielle pour évaluer l’impact environnemental de projets publics ou privés, comme l’exigent les directives européennes.
La MRAe est une instance indépendante, rattachée au Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD), qui fait partie du ministère de la Transition écologique. Elle a été créée pour renforcer l’indépendance de l’évaluation environnementale des projets, plans et programmes soumis à autorisation (routes, zones d’aménagement, infrastructures industrielles, plans d’urbanisme, etc.).
La MRAe d’Ile-de-France se compose de cinq membres permanents issus de l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (Igedd), et de quatre membres associés, experts extérieurs reconnus.
En principe, la MRAe doit pouvoir travailler librement avec un service dédié, sans ingérence de l’État. Mais en Île-de-France, ce lien s’est progressivement dégradé, au point d’empêcher l’examen de certains dossiers. Depuis fin 2024, la MRAe a perdu son autorité fonctionnelle sur ce service, ce qui remet en cause la légalité de son fonctionnement.
La MRAe a publié au cours des derniers mois des avis remarqués sur Green Dock, méga site logistique en bord de Seine à Gennevilliers (Hauts-de-Seine) ou sur le plan local d’urbanisme bioclimatique (PLUb) de Paris par exemple.
Cette situation intervient dans un contexte national où de nombreuses voix s’inquiètent d’un rétrécissement de l’espace démocratique, au profit de logiques économiques et d’un urbanisme intensif porté par les intérêts privés, véritable sabotage du droit à l’environnement avec une économie de guerre qui va mobiliser de l’argent public pour augmenter les dépenses de défense, et des restrictions budgétaires pour les autorités indépendantes, la vie associative et les services publics.
Comme l’a récemment illustré la large mobilisation contre la loi Duplomb, la défense du droit à l’environnement suppose des contre-pouvoirs actifs et reconnus. La MRAe, par la qualité de ses avis, contribue à alerter sur les risques de certains projets et à nourrir l’information des citoyens, des associations et des élus. Son rôle de sensibilisation, dans des dossiers souvent complexes et empreints de logiques institutionnelles ou techniques, est essentiel pour préserver la qualité de vie et le respect des normes environnementales.
Le MNLE s’élève contre les entraves inacceptables subies par la MRAe d’Île de France dans l’exercice de ses fonctions. Cette reprise en main par l’État des autorités indépendantes qui s’expriment sur les questions environnementales s’inscrit dans des choix incompatibles avec la lutte contre le dérèglement climatique et les perspectives de + 4° en 2100. L’urgence est dans la mise en œuvre d’une politique de justice sociale, environnementale et énergétique. La MRAe d’Ile de France doit retrouver toute sa place et pouvoir travailler en toute sérénité.