PETIT GUIDE DU COMPOSTAGE

Tout être vivant (animal ou végétal ou champignon), après sa mort, est condamné à se décomposer et à devenir matière minérale. Si l’ être défunt n’est pas dévoré par des insectes, des vers ou d’autres animaux , il devient la proie de microbes qui décomposent les énormes molécules organiques en petites molécules minérales.

Bien distinguer 2 types de fermentation

La décomposition des organismes morts (dite aussi « fermentation ») peut se faire en présence ou en absence d’oxygène.

La fermentation sans oxygène (dans les intestins ou sous terre ou au fond d’un marais ou dans un cadavre d’animal à l’intérieur duquel l’air ne circule plus) est effectuée par des microbes anaérobies (non consommateurs d’oxygène). La fermentation anaérobie produit un gaz complexe, toxique, combustible et explosif appelé « biogaz ». Sa puanteur à la fois excrémentielle et cadavérique est caractéristique. La fermentation anaérobie est souvent appelée fermentation méthanique ou méthanisation parce que le biogaz est riche en méthane (CH4).

Si au contraire la fermentation se fait en présence d’oxygène, elle est effectuée par des microbes aérobies. Cette fermentation ne produit aucun biogaz. Les déchets organiques, en se combinant à l’oxygène (oxydation) noircissent. Ils perdent beaucoup de poids et de volume par évaporation, l’eau étant le principal composant de la matière vivante. Ils deviennent progressivement de l’humus noir, friable et de parfum agréable. L’humus, à la longue, se minéralise complètement.

Cette fermentation aérobie, quand elle est organisée et conduite par l’homme, s’appelle compostage et l’humus obtenu s’appelle compost.

Durée du compostage

Elle varie beaucoup avec la nature des déchets.

La viande et le poisson, très humides et très riches en azote, se décomposent très vite. Le bois, sec et pauvre en azote, se décompose beaucoup plus lentement. Les os, les coquilles d’œufs, de moules, d’huîtres et les carapaces de crustacés ne fermentent pas vu qu’ils sont déjà minéralisés. Mais ils peuvent être mêlés au compost ( de préférence après avoir été concassés) car ils constituent pour les végétaux un aliment très riche. Rappelons que les végétaux se nourrissent uniquement de matière minérale.

Les agrumes, malgré leur acidité, sont tout à fait compostables. Les seuls déchets organiques non compostables sont :

a- le papier sulfurisé. Rendu imperméable par sulfurisation il est utilisé comme emballage par les bouchers et fromagers. Etant imperméable, il ne peut être recyclé et il n’est pas compostable. Evitez donc d’en consommer.

b- le caoutchouc et les objets en cuir (ces derniers sont traités pour devenir imputrescibles) se décomposent si lentement qu’on ne peut les composter.

Nous avons énuméré dans le 3e épisode du feuilleton les très nombreux bienfaits du compostage. Ce qu’on peut faire de mieux avec les déchets fermentescibles, c’est de les composter. Quelle technique choisir ?

Une technique à déconseiller : l’usine de tri-compostage

dite aussi TMB (tri mécanobiologique)

Dans de nombreuses collectivités une usine est chargée de trier les ordures ménagères et d’en extraire tout ce qui est putrescible pour en faire du compost . Mission impossible malgré les millions d’euros que les élus investissent souvent dans cette usine avec l’espoir toujours déçu d’en améliorer le fonctionnement et les performances..

En effet dans la poubelle ménagère les ordures putrescibles (épluchures, végétaux pourris, marcs de thé et de café, restes de sauces et de repas, entrailles de poulets et de poissons, couches-culottes, excréments de chiens et de chats) sont bien trop mêlées aux balayures , aux molécules toxiques et aux emballages pour qu’il soit possible de les séparer. Le mélange qui se fait dans chaque poubelle familiale est encore aggravé par le brassage qui s’opère dans les camions-bennes d’ébouage puis à l’entrée de l’usine dans la grande fosse de réception où des dizaines de camions-bennes déversent et mélangent leur chargement. Ensuite au début de la chaîne de tri, les ordures sont souvent broyées ce qui achève de rendre inextricable le mélange de tous les déchets.

C’est en vain que la chaîne de tri automatique (aimants, tamis, automates divers) s’efforce de faire un tri dans cette pagaille.

Quand on casse des œufs, on peut aussitôt séparer le blanc du jaune mais une fois qu’ils sont battus en omelette aucune usine, si sophistiquée qu’elle soit, ne peut plus séparer le jaune et le blanc. Ce que même un enfant comprendrait beaucoup d’ élus, eux, ne le comprennent pas et ils continuent d’investir des millions dans de nouveaux automates avec le vain espoir de séparer enfin blanc et jaune dans l’omelette des déchets. En 2014, à Béziers, les élus ont même à grands frais entièrement démoli puis reconstruit l’usine. La chambre régionale des comptes, dans son rapport 2019, constate que le rendement de la nouvelle usine est encore pire qu’avant la démolition/reconstruction. Le prétendu « compost » de l’usine neuve contient trop de débris indésirables, trop d’impuretés pour être vendable et finit dans une décharge. Double gaspillage d’argent public : coût élevé d’une usine inutile et coût lui aussi élevé de l’enfouissement en décharge.

Pour obtenir un compost digne de ce nom et vendable, il faut composter uniquement des résidus putrescibles. C’est pourquoi l’ADEME (service public de l’environnement) depuis des années, puis 2 lois successives demandent que les ménages soient dotés d’une poubelle particulière recevant tous les fermentescibles et seulement les fermentescibles.

Quand les ménages sont dotés d’une telle poubelle, l’usine de tri devient inutile. Quelle économie ! Depuis de nombreuses années l’ADEME conseille de ne plus construire d’usines de tri-compostage.

Le meilleur compost est celui que vous ferez vous-même

Si votre commune dispose d’une plate-forme de compostage ne recevant que les fermentescibles triés à la source, vous pouvez livrer à la collecte municipale vos déchets putrescibles. Mais vous pouvez aussi les garder pour faire vous-même, à domicile, votre propre compost. Rien n’est plus facile.

Les techniques de compostage domestique sont assez diverses :

Le paillage consiste à épandre les déchets frais (de préférence hachés) en couche fine ou épaisse sur le sol cultivé et à les laisser fermenter exactement comme fermentent en forêt les feuilles mortes tombées des arbres. C’est la technique la plus simple, celle qui imite le mieux la nature. L’intervention humaine se réduit à presque rien.

Le compostage peut se faire en tas. C’est ainsi qu’était compostée autrefois dans les cours de ferme, la litière (mélange de paille, d’urine et d’excréments) sortie de l’écurie et de l’étable. De temps à autre ce mélange, s’il était trop compact, était retourné à la fourche pour assurer son oxygénation.

Le tas de compost peut être entouré d’un grillage à poule ou d’une palissade en bois.

Le compostage peut se pratiquer aussi dans un récipient quelconque : caisse, grand seau, baril, grand pot de fleurs, etc. Dans ce cas il faut percer des trous dans le récipient pour faciliter, dans la masse en fermentation, la circulation de l’air porteur d’oxygène.

On trouve dans les jardineries des composteurs de diverses sortes plus ou moins fermés pour éviter que s’y introduisent des animaux parasites attirés par les débris alimentaires contenus dans le compost.

La méthode la plus sophistiquée est le lombricompostage. Elle fait appel aux vers de terre (lombrics) qui, en mangeant les déchets, assurent une première et rapide décomposition. Après quoi leurs excréments fermentent à leur tour rapidement. On trouve dans le commerce des lombricomposteurs vendus avec un lot de vers.

Les 2 écueils du compostage

Si vous faites du compost, vous n’avez que 2 écueils à éviter : sécheresse et manque d’oxygène.

Les microbes ne s’attaquent pas à de la matière organique très sèche. C’est pourquoi, pour conserver des aliments, on peut les déshydrater (légumes secs, fruits secs, charcuterie sèche, etc). En été il faut donc de temps à autre arroser un peu le compost si on ne veut pas qu’il devienne trop sec.

Si votre compost est trop humide, trop tassé, trop compact, si l’air n’y circule donc plus, la fermentation change de nature et d’aérobie qu’elle était, devient anaérobie. Elle produira du biogaz dont la puanteur sera pour vous un signal d’alerte. Il faudra alors aérer le compost en le retournant et/ou en y mêlant des matières qui éviteront le tassement : rafles de raisin, brindilles et autres déchets organiques qui ne se tassent pas.

Conclusion

Source de difficultés et de nuisances, les déchets putrescibles deviennent, quand ils sont compostés, source d’innombrables bienfaits. Si vous faites vous-même, à domicile, votre propre compost, vous valorisez sans frais et sans nuisance environ la moitié de votre poubelle ménagère. Trop peu de ménages pratiquent le compostage domestique. Il faut développer et encourager cette pratique vertueuse.

Pour le comité biterrois du MNLE Robert CLAVIJO

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