AVIS DU MOUVEMENT NATIONAL DE LUTTE POUR L’ENVIRONNEMENT RÉSEAU HOMME&NATURE

SUR LE PROJET DE CLUSTER DES MÉDIAS, DANS LE CADRE DE L’ENQUÊTE PUBLIQUE

Alors qu’aujourd’hui, tout le monde prétend se préoccuper d’environnement et de sauvegarde du climat, de la biodiversité, comment des décideurs peuvent-ils envisager de bétonner des espaces naturels ? Au MNLE, nous ne comprenons vraiment pas.

Bien sûr, comme dans tous les projets, les maîtres d’ouvrages présentent de beaux dossiers, avec de belles photos, de belles phrases pour nous convaincre des bienfaits environnementaux de leurs actions. Ces présentations sont en outre beaucoup trop volumineuses pour être appréhendées par la plupart des citoyens, ce qui limite la portée des enquêtes.

Mais derrière les mots, la réalité est là : il est proposé de bétonner. Une perle lue dans la réponse du maître d’ouvrage au dernier avis de l’Autorité Environnementale : le béton utilisé sera bas carbone ! Et bien : que SOLIDEO utilise du béton bas carbone dans ses opérations, mais sur des sites déjà urbanisés, et non en terrains naturels. Il y a assez de friches industrielles à l’entour pour satisfaire les besoins d’équipements.

Le dossier évoque aussi des « compensations » pour les dégradations – reconnues – à l’environnement que ce projet va engendrer. Les compensations sont des non-sens, écologiquement, et économiquement :

  • Ecologiquement, car compenser l’écosystème qui va être détruit ici, en quelques mois, va demander des décennies à se reconstruire ailleurs.
  • Economiquement : ne vaut-il pas mieux reconstruire la ville sur la ville, en utilisant déjà les infrastructures existantes (réseaux viaires, assainissement, adductions….), plutôt que de les casser à grands frais et gaspillages énergétiques, pour recréer du « vert », et détruire le vert existant, pour faire pousser du béton ?

Et, bien que le Maître d’Ouvrage s’efforce de répondre de la manière la plus circonstanciée possible aux remarques de l’Autorité Environnementale, certains points faibles demeurent

Nous relevons aussi une incohérence du dossier : le nombre de logements créés correspond à plusieurs milliers d’habitants nouveaux, alors que seulement quelques centaines d’emplois y sont envisagés. Ce projet engendrera donc une augmentation des besoins de déplacements, alors que les transports publics et les réseaux viaires sont tous saturés (et le seront encore plus avec la réduction de certaines emprises routières pour laisser place aux circulations douces, fort utiles en effet, mais qui ne conviennent qu’aux mobilités de proximité, alors que les distances domicile / travail ne cessent d’augmenter, et ne peuvent se satisfaire du vélo ou des pieds pour les parcourir).

D’ailleurs, pour ce qui est des cyclistes, nous avons pu remarquer combien l’Aire des Vents était utilisée actuellement par les habitants à l’entour pour s’y promener ou pratiquer le vélo. Le projet de cluster des médias va les en priver. Belle opération pour la population  de Seine Saint-Denis, déjà très touchée par les inégalités sociales (moins de services publics par habitant). Il faut impérativement garder leurs espaces de respiration.

C’est vraiment un monde à l’envers que nous propose la SOLIDEO, qui n’a visiblement pas compris l’importance de la biodiversité pour nous, humains. Le dossier ayant été préparé avant la crise sanitaire que nous vivons actuellement, qui a pointé l’importance du respect des espaces naturels pour ceux qui ne le savaient pas déjà, nous pouvons espérer que le point de vue de l’aménageur évoluera vers la raison, et abandonnera ce projet insensé. Répétons-le : il y a assez d’espaces déjà urbanisé mais à l’abandon, pour réaliser ce dont les journalistes ont besoin. Car au MNLE, nous ne sommes pas « contre tout », et avons conscience que certains aménagements sont utiles. Encore faut-il les faire au bon endroit, et surtout préserver tous les espaces naturels ainsi que les terres agricoles. Les franciliens ont besoin de ces espaces de nature. A ce titre l’agrandissement du parc Georges VALBON sur le terrain des essences, dépollué, est, par contre, à encourager.

Mais il ne faut pas bétonner l’Aire des Vents.

PARIS, JUILLET 2020

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