
Paris, le 2 août 2025
MAPRIMRENOV RABOTÉE,L’ARMEMENT ÉPARGNÉ
Dans sa quête d’économies budgétaires, le Gouvernement a suspendu cet été MaPrimeRénov’, le dispositif d’aide à l’isolation des logements, pourtant essentiel à la lutte contre la précarité énergétique et le dérèglement climatique. Cette suspension temporaire ne concerne pas les aides aux copropriétés. Le dispositif doit reprendre le 30 septembre, mais avec un plafond de ressources abaissé et probablement aussi une réduction du montant des travaux pris en charge.
Alors que la France accuse un retard important dans la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre, cette nouvelle restriction exclura des milliers de propriétaires de toute aide, freinant encore la transition énergétique, pourtant urgente. Même pour les ménages aisés, les travaux nécessaires représentent un coût important, d’autant qu’ils doivent être réalisés par des professionnels agréés – dont la compétence est parfois discutable, malgré leur certification.
Le dispositif MaPrimeRénov’ est loin d’être parfait : il ne concerne que les propriétaires, alors que trop de bailleurs négligent l’état de leurs biens. Mais cette aide reste utile, bien qu’insuffisante. Selon une récente étude de l’Insee, son efficacité est nettement en deçà des attentes. Il faudrait la renforcer et la simplifier, plutôt que la restreindre.
Or, la simplification va malheureusement souvent de pair avec une complexification des critères d’éligibilité : gain théorique de performance énergétique, ressources des propriétaires, nature et ampleur des travaux… Les critères sont peu lisibles.
Des pistes d’amélioration existent : rendre obligatoire la rénovation énergétique des copropriétés, moduler les aides en fonction des gains réels en émissions de gaz à effet de serre (insuffisamment pris en compte dans les DPE), et surtout, au vu de l’urgence, augmenter significativement les budgets alloués, au lieu de les réduire.
Dans le même temps, les budgets militaires explosent et servent de prétexte à la réduction des dépenses sociales. À quoi bon maintenir une dissuasion nucléaire si l’on augmente aussi les autres dépenses militaires ?
Le Gouvernement a le choix : soit respecter le Traité d’interdiction des armes nucléaires en réduisant les crédits qui y sont consacrés (sans le supprimer : il faut aussi de l’argent pour déconstruire les bombes !), soit, si l’efficacité de la dissuasion est avérée (ce que nous ne croyons pas), réduire les dépenses pour l’armement conventionnel.
Dans tous les cas, des marges existent pour redéployer ces budgets vers des urgences vitales : le climat, la santé, l’éducation…
Les besoins ne manquent pas.