Débat public du 20 avril au 20 juillet 2023 en présence des garants de la CNDP

Le SEDIF souhaite installer une nouvelle technologie intitulée OIBP (Osmose Inverse Basse Pression) dans ses trois usines de Choisy-le-Roi, Méry-sur-Oise et Neuilly-sur-Marne. Son objectif : faire de l’eau du robinet une « eau pure » en la débarrassant des micropolluants, du chlore et du calcaire, avec un coût estimé à 870 millions d’euros.

Le SEDIF dessert 133 villes, 4 millions d’usagers, à travers une gestion privée confiée en Délégation de service public à Veolia. Le débat public actuel lancé sur ce sujet doit estimer l’opportunité d’un tel projet, qui consiste à équiper les usines de traitement de nouvelles membranes haute performance de nanofiltration, sans toutefois aborder d’autres solutions possibles.  Ces solutions existent pourtant, comme le démontrent les techniques optimisées de filtration sur charbon actif de la Régie publique Eau de Paris, qui semblent mieux répondre aux besoins et à un traitement moins coûteux.

Ce sont les consommateurs qui paieront l’investissement énorme que représente la nouvelle technologie OIBP. Le montant des hausses de facturation pour les usagers ne sont pour l’instant pas connues en fonction du flou des éléments financiers du SEDIF qui n’aborde pas de façon précise les coûts supplémentaires liés au fonctionnement, à l’entretien et à la hausse des besoins en énergie.

Beaucoup trop d’incertitudes pour avoir un avis arrêté sur ce projet

La garantie d’une eau consommable ne semble pas certaine. D’une part les perturbateurs endocriniens et autres micropolluants ne sont pas entièrement éliminés par le procédé, d’autre part l’expérimentation du procédé « OIBP » a été un échec avéré à l’usine d’Arvigny à Savigny le Temple (77).

Plusieurs autres interrogations demeurent : du fait des concentrats rejetés en amont de l’usine, il y aurait une surconsommation d’énergie nécessaire et un prélèvement accru d’eau en milieu naturel (+15%). Des études parlent de 48 millions de m3 soit l’approvisionnement de 850 000 habitants.

La presse ne cesse d’évoquer la réconciliation Véolia / Suez pour restaurer « leur commune emprise sur les services publics », notamment celui de l’eau. Selon l’Observatoire des Multinationales, l’enjeu pour Véolia est d’imposer l’OIBP sur le contrat du SEDIF, le plus gros contrat mondial qui a valeur commerciale et une vitrine en matière d’eau potable à forte valeur ajoutée. Nous sommes face à une opération purement capitaliste, concurrentielle sur le plan international, visant à accroitre les profits des actionnaires.

Une véritable politique de prévention serait :

  • De s’attaquer aux problèmes de fond dans leur ensemble (construction, industrie, agriculture…) et aux pertes d’eau (absence ou insuffisance d’entretien du réseau par les gestionnaires privés et de mise en conformité des réseaux d’assainissements, manque d’entretien des cours d’eau et rivières, du traitement des eaux grises des entreprises, absence de récupération des eaux de pluies, autorisation de méga-bassines, forages illégaux, etc..).
  • D’interdire réellement les produits phytosanitaires sur les aires et bassins versants de captage et proposer des alternatives économiques permettant de se passer des pesticides.
  • D’aider les agriculteurs dans l’impérative mutation de leur secteur pour sortir de l’agriculture intensive qui fragilise la souveraineté alimentaire et tue le vivant. La transition est possible avec plus de paysans, des fermes plus petites, la renaturation des champs avec des haies, des talus, des points d’humidité, (mares – marécages) permettant le retour de la biodiversité et du vivant.

Nous sommes face à un choix de société. Les propositions du SEDIF et de Véolia comme le « plan eau » de E. Macron sont guidés par le libéralisme et le profit maximum. La réponse à l’urgence pour notre planète qui convulse et brûle sous des phénomènes météorologiques extrêmes, intenses et de plus en plus fréquents, ne peut plus attendre et doit se traduire par des mesures concrètes et efficaces.

L’eau est un bien commun indispensable pour le vivant, sa raréfaction doit conduire à l’économiser, les premiers m3 utilisés par les familles devraient être gratuits, sa gestion devrait être publique en y associant les consommateurs et leurs associations.

Un vrai service public de l’eau 

Immédiatement, il faut réparer l’insuffisance d’explications des enjeux voulue par les élus et élargir l’information, la sensibilisation et l’écoute des besoins dans chaque ville concernée. La démocratie n’est pas un vain mot. Lourde est la responsabilité des élus siégeant au SEDIF qui n’organisent pas de réunions d’information à la population, aux associations et collectifs dans leur ville.

Le SEDIF prétend être « le plus grand service public de l’eau potable en France » mais il est tourné vers une gestion privée en octroyant depuis des dizaines d’années une Délégation de service public à l’entreprise Véolia. Cet état de fait génère déjà en soi une hausse des coûts et des tarifications pour les usagers et les villes de l’Ile-de-France adhérentes au SEDIF.

Un vrai service public de l’eau devrait à l’inverse faire baisser son prix, la Régie publique Eau de Paris le démontre. Les usagers et leurs associations devraient démocratiquement y avoir leur mot à dire et participer à cette gestion publique. C’est ce que nous souhaitons à l’avenir, tant au niveau de la région qu’au niveau national.

Attaché à la gestion citoyenne de l’eau avec la prise en compte des besoins des consommateurs, et à l’éducation populaire, le MNLE-93 NEP ne cautionne pas cette fuite en avant que constitue le projet du SEDIF. 

Pantin, le 15 juin 2023

Photo : débat du 24 mai 2023 à Neuilly sur Marne

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plait écrivez votre commentaire !
S'il vous plait renseigner votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.