C’est bien connu, le Triangle de Gonesse est une zone de terres agricoles de qualité exceptionnelle, profondes, maintenant un ilot de fraicheur et utilisées durant des siècles pour nourrir la population parisienne. Ces terres sont devenues un lieu important d’exposition au bruit des aéroports de Roissy et du Bourget. Elles ne doivent pas être urbanisées car interdites en grande partie à la construction d’habitations permanentes. Une enquête d’Airparif en 2024 a aussi démontré qu’a un kilomètre de l’aéroport la pollution de l’air est aussi forte que sur le périphérique de Paris. On ne peut donc pas les urbaniser pour faire un nouveau quartier de ville contrairement à ce qui est souvent écrit.
L’agriculture a disparu au nord sous une zone d’activités, peu dense en emplois, autour d’un golf de 90 ha ; la pointe sud du Triangle est couverte d’entrepôts de logistique tout camion. Aujourd’hui la création d’une ZAC de 120 hectares, au milieu d’un espace agricole fonctionnel des 670 ha restants, aurait pour conséquence la perte d’une surface agricole bien supérieure aux nombres d’ha annoncés. Elle se trouve autour d’une gare prévue pour une tout autre ZAC qui comprenait le projet EuropaCity abandonné en 2019. Cette création de ZAC est bien un exemple d’incohérence de l’aménagement de ce territoire.
La Cité scolaire internationale annoncée est présentée dans le rapport sur la ZAC comme le point 0 du phasage avec une prévision de mise en service en 2028 en même temps que la gare (début des travaux 2026).
Dès l’annonce de la localisation de la cité scolaire avec internat sur le Triangle de Gonesse, nous nous sommes étonnés de l’emplacement choisi compte tenu des règles en matière d’urbanisme, relatives au plan d’exposition au bruit (PEB) des aéroports de Roissy et du Bourget. La situation de proximité des deux aéroports et de grands axes routiers Autoroutes A1/A3, BIP et RD 317 est incompatible avec la santé et la qualité de formation des jeunes.
En zone C des PEB, hors zone urbaine, le logement permanent ne peut y être construit. Selon la jurisprudence, un internat comme tout logement étudiant est bien du logement permanent, considéré donc comme résidence principale et non comme de l’hôtellerie qui est du logement temporaire. Ainsi le Triangle de Gonesse ne peut être un quartier d’habitation de la ville de Gonesse.
Dans les documents en réponse à la MRAe, l’aménageur indique : « De plus, les recommandations de l’OMS seront atteintes en extérieur concernant : le bruit routier sur la partie Nord du site du projet, à la fois pour les indicateurs Lden et Ln et le bruit ferroviaire sur la majorité du site du projet ». Pourquoi n’est-il pas fait mention du bruit des avions ?
L’aménageur traite des niveaux sonores à l’intérieur des bâtiments tandis que les usagers, en particulier les internes, les fonctionnaires et leurs familles ne peuvent rester entre quatre murs 24h sur 24, fenêtres fermées. D’ailleurs, désormais les riverains de Roissy CDG dénoncent la limite de l’insonorisation. Or ,mis en échec sur le terminal 4, ADP et le lobby aérien proposent une augmentation du trafic aérien de +19 % d’ici 2050 soit le supplément journalier de 344 mouvements d’avion.
Depuis son annonce, la Cité scolaire a fait l’objet d’études précises, avec des délibérations confirmant la localisation proche de la gare sur le Triangle de Gonesse et indiquant la composition des bâtiments à la classe près, dont 20 logements de fonction, eux aussi non compatibles et qui ne doivent pas être réalisée en zone C du PEB. Cette localisation sur le Triangle de Gonesse est imposée sans aucune concertation.
La Cité scolaire internationale, si elle doit se créer, doit être, en tant que service public, localisée dans la zone urbaine où habitent les jeunes et non en plein champs loin des habitations, donc proche d’une gare comme le RER D qui dessert les villes du Val d’Oise. Le site de la friche hospitalière de Villiers-le-Bel, dont l’aménageur est également GPA, serait plus favorable. Il est en zone urbaine, deux fois plus éloigné des pistes des aéroports et proche d’un complexe sportif et de la gare de Villiers le Bel.
La ZAC serait l’occasion d’implanter un échangeur permettant d’y accéder. N’est-ce pas la porte ouverte pour l’entrée et la sortie pour les poids lourds qui alimenteraient les activités prévues sur la ZAC, donc le risque d’installation d’entrepôts de logistique ? C’est un point majeur dans ce secteur proche de Roissy et desservi par l’autoroute A1. Il suffit de regarder comment se sont remplies les ZAC voisines. Un accès des voitures ne peut donc se justifier que par l’existence du parking silo créé au niveau du pôle d’échanges pour « rentabiliser » la gare, qui comme la ligne 17 restera un gouffre financier.
La qualité des sols, l’histoire agricole et nourricière du Triangle de Gonesse, peuvent permettre la réorientation du projet de ZAC vers les ambitions nourricières et durables portées par l’association territoriale « AgriParis Seine ». Constituée en juillet 2023 ,c’est une association territoriale entre sept collectivités importantes : la Ville de Paris, la MGP, Eau de Paris, la Seine Saint Denis, les Métropoles du Havre et de Rouen et le Nord de l’Yonne. Elle a pour objectif la structuration de filières pour la production de denrées pour la restauration collective 100% bio et durable à moins de 250 km. Il est temps de recréer une ceinture maraichère, d’agroforesterie vivrière, de circuits courts permettant d’accroitre la souveraineté alimentaire des populations d’Ile de France. Le Triangle de Gonesse peut y contribuer.