Fête de l’Humanité 2020

Cette année la fête de l’Humanité telle que nous la connaissons n’a pas eu lieu.
A la place, dans différents lieux, il y a eu des débats, des concerts et des rencontres.
Certaines de ces manifestations étaient en directes, retransmises sur fete.humanite.fr
D’autres ont pu être visionnées en différé tout au long de la semaine toujours sur fete.humanite.fr
Elles restent accessibles pour ceux qui souhaitent les découvrir.

Ainsi, lors d’un entretien, Christian Pellicani, président du MNLE, a eu l’occasion de présenter notre mouvement, ce qui fait notre particularité et les luttes menées tant sur le plan local que national et plus largement mondial, notamment celle qui concerne l’accès à l’eau de chaque être humain.

Pour écouter cet entretien :

Entretien avec Christian Pellicani du Mouvement national de lutte pour l’environnement (MNLE)

Pour sa part, Christian Chasseau, secrétaire général de l’association, a participé à une table ronde sur le climat et les luttes aux côtés d’ Olivia Lambert, de Youth For Climate, et de Khaled Gaiji, des Amis de la Terre.

Pour en connaître le contenu :

Climat : La rentrée des luttes

Par ailleurs, comme il souhaitait en dire plus, Christian Chasseau a rédigé le texte ci-après qui reprend ses propos et les complète.

FETE DE L’HUMANITE 2020
LUTTES POUR LE CLIMAT ET PROPOSITIONS DU MNLE

  • Au MNLE, qui soufflera ses 40 bougies l’an prochain, nous pensons que les enjeux des luttes pour le climat sont tout simplement la qualité de vie des humains partout sur la terre, aujourd’hui et demain.

Se rappeler en particulier que le niveau des océans impactera la vie de milliards d’habitants, les zones côtières étant très peuplées et pas seulement dans de lointaines contrées : la Camargue, le Marais Poitevin, la Baie de Somme, l’ile de Ré et d’autres, les polders du nord seront concernés. L’élévation des températures des eaux modifiera la ressource halieutique, impactant aussi nombre d’habitants des zones côtières qui en font la base de leur alimentation.

Les indispensables luttes pour le climat se déclinent en plusieurs sortes d’actions, du local au global et nous insisterons sur le global dans nos propositions, tant les actions locales, fort utiles, sont insuffisantes.

Sur le plan local notons que REPORTERRE a recensé plusieurs centaines de Grands Projets Inutiles et Imposés (et pas seulement en France). On ne peut tout citer, juste quelques exemples où notre Mouvement est impliqué :

      – Valbonne (alpes maritimes) projet de centre commercial et loisirs sur espace naturel (comme Europacity)
       – Triangle de Gonesse : si Europacity est abandonné, les terres sont toujours à défendre, avec le projet CARMA (alimentation saine de proximité pour les franciliens). Du coup, la gare du Grand Paris Express dédiée devient inutile.
– Notre Dame des Landes : si l’aéroport a été abandonné, il reste toujours à appuyer les agriculteurs locaux, qui n’ont toujours pas recouvré tous leurs droits.
– Nous disons : « non au T4 » (agrandissement de l’aéroport de ROISSY : 1.2 million d’habitants concernés par les nuisances).
– Nous défendons la création de nouvelles infrastructures ferroviaires, notamment en PACA (actuellement 1 seule ligne suit la côte, pour tous les trafics, TGV, Corails, TER, Fret), et donc tous doivent s’aligner sur le plus lent de tous ! Il faut plus d’infrastructures (rappelons le plan Freyssinet : 600 km de voies nouvelles par an).
Ainsi que le projet de réouverture de lignes abandonnées autour du bassin d’Arcachon (alors que le réseau routier est saturé)
– En Pays de Loire aussi, nous agissons pour la défense de lignes ferroviaires, avec nos amis de CONVERGENCE RAIL.
Notre comité de Pays de Loire soutient le développement d’un projet de cabotage à voile (pratiquement zéro carbone, et revitalisation d’activités côtières)
– En Ile de France aussi nous avons des problèmes de transports publics : toutes les infrastructures sont saturées (rappel historique : construction de la presque totalité des lignes de métro entre 1900 et 1939. Depuis, que des bouts de ficelles, alors que la population a doublé et que les distances domicile travail n’ont cessé d’augmenter….). Ainsi, nous disons :

  • Pour la gare du nord : non au projet Auchan, qui, sous couvert d’améliorations pour les voyageurs, vise en fait à implanter un centre commercial et de loisirs, inutile aux franciliens. Avec le collectif « Retrouvons le Nord de la Gare du Nord », nous travaillons à des propositions alternatives.
  •  non au Charles De Gaulle express, projet destiné aux affairistes, pénalisant les services quotidiens pour les franciliens, et disons oui au double tunnel gare du nord / châtelet (un seul tunnel actuellement pour deux RER, le B et le D)
  •  En IdF toujours, l’aire des vents de Dugny est menacée par les Jeux Olympiques, avec le projet de village medias. Alors qu’il y a tant de friches industrielles en Seine Saint-Denis, pourquoi s’en prendre à des espaces naturels utiles à la population ? (c’est ici 1 300 logements de plus pour Dugny, +40 % – mais sans le financement des équipements nécessaires allant avec – écoles, sport, culture, transports

Quelques remarques sur ces luttes locales :

  • les plus efficaces sont celles menées en commun avec d’autres associations : on va plus loin ensemble. Le principe des convergences, des comités… permet une lutte plus dynamique tout en respectant les particularités de chaque membre
  • il ne s’agit pas de simplement « être contre », mais de proposer des alternatives, comme à Gonesse
  •  le système de concertation actuelle n’est pas performant : il épuise les militants, il faut étudier en quelques jours d’énormes dossiers ficelés que les maitres d’ouvrages ont mis des mois voire des années à peaufiner.
  •  nous préconisons plutôt que la concertation se fasse au niveau de l’élaboration de programmes, c’est à dire de la définition des besoins.

Evoquons les indispensables actions globales :

Mais avant, deux mots de la convention citoyenne pour le climat :

  • sa composition : les personnes engagées en étaient exclues, ce qui fait qu’elle n’était pas représentative de la population française
  • ils n’y connaissaient rien (ils l’avouent eux-mêmes), et ont été formés par des « experts » choisis par l’Etat
  • des juristes n’ont eu de cesse de réduire l’impact des mesures proposées
  • Macron a éliminé les mesures fiscales indispensables, et ne se presse pas à appliquer les autres (par exemple, formation des travailleurs des énergies fossiles, et valorisation de ces formations, alors qu’après le COVID, qui a bon dos, les entreprises ne cessent de faire du chantage salaire / emploi)
  • les mesures proposées, même si certaines sont intéressantes, sont insuffisantes. par ex : sensibilisation des consommateurs (préconisé déjà par de nombreuses associations) : avoir conscience que les plus modestes de nos concitoyens ne regardent pas la composition des produits. Ils ne regardent que le prix. Sensibiliser les consommateurs passe aussi par l’amélioration du pouvoir d’achat.
  • Notons aussi que les consom’acteurs n’ont de liberté de choix que ce que la grande distribution propose, à quelques exceptions près (Amap, jardins partagés…) très intéressantes socialement, mais qui ne peuvent nourrir que 2 à 3 % des populations des métropoles.
  • Il faut aussi aborder le cas de la transition énergétique, dont la gestion actuelle n’est pas satisfaisante : on prend dans la poche des consommateurs ne pouvant produire (par exemple les locataires de HLM) pour verser des dividendes aux producteurs privés. Et les majors de l’énergie continuent, comme total, de dépenser plus pour le pétrole et le gaz que pour les énergies renouvelables.

Les ENR, parlons-en : elles ont la fâcheuse tendance à ne pas produire quand on en a besoin, et de produire quand on n’en a pas besoin. La question du stockage est donc essentielle.

C’est là que l’hydrogène peut offrir une solution.

Et pourquoi ne développe-t-on pas l’hydroélectricité, marine comme fluviale, solutions éprouvées et  pilotables à volonté ?

Pourquoi ne pas développer la filière des capteurs solaires thermiques, bien plus efficaces que les photovoltaïques ?

il convient aussi de développer la géothermie.

Sur l’isolation du parc de bâtiments, il faut commencer par former les professionnels, car nombre d’entre eux ne sont pas à la hauteur. Penser aussi au parc ancien de caractère, difficile à isoler, et aux copropriétés en déshérence ou dont les propriétaires ne se soucient pas de leurs locataires …

NOS PROPOSITIONS (contenues dans notre charte) :

En fait il faut un grand service public des énergies, de toutes les énergies. Ce qui n’empêche pas de produire local, mais avec péréquation des dépenses et des recettes et surtout une gestion plus aisée de l’adéquation entre production et consommation. Surtout, ne pas brader les barrages, éléments très importants dans l’équilibre consommation / production, et produisant de l’énergie renouvelable.

Ainsi, dans les mesures globales :

  • Nous ne sommes pas pour la taxe carbone, qui n’empêchera pas les riches de continuer de polluer, ici et ailleurs, et qui est une injustice pour toutes les personnes modestes, comme le mouvement des gilets jaunes l’a mis en avant. Nous préférons que l’Etat, au lieu de s’en remettre systématiquement à l’initiative privée, avec les résultats que l’on sait, prenne en main la transition énergétique dans son ensemble.
  • Pour l’agriculture, nous soutenons l’agroécologie, et toutes ses composantes (bio, permaculture, agroforesterie…). Il ne faut pas pointer du doigt les paysans, qui ont fait ce que les laboratoires leur ont dit de faire. Il faut les aider à changer de modèle et soutenir mieux ceux qui en donnent l’exemple (l’Europe le dit, mais ne fait pas grand-chose). Nous soutenons aussi Terre de Liens, qui aide les jeunes agriculteurs à s’installer (la question du foncier étant aussi pour eux un problème).
  • Ne pas oublier la mer : la pêche artisanale est plus respectueuse de l’environnement que les navires usines, et les Etats devraient développer les Aires Marines Protégées, et surtout augmenter le nombre des personnels en charge des contrôles (comme dans tous les secteurs de l’économie)
  • En urbanisme : avoir une vraie politique d’aménagement du territoire, et redéployer sur tout le territoire les activités, y compris industrielles, que l’on sait faire propres, (cas d’Altéo à Gardanne) dont je n’ai pas le temps de développer enjeux et solutions). Ainsi, une autre répartition des habitants sur le territoire évitera les trop grandes concentrations en mégapoles. Il faut arrêter les métropolisations facteur de pollutions, de ségrégation sociale, aggravant la spéculation foncière, une des causes des besoins de déplacements. (rappel historique : lorsqu’il y avait des usines dans PARIS, les ouvriers n’avaient pas besoin de voiture ni de transports publics : ils allaient à pied ou en vélo au travail.)
  • Développer la démocratie, partout, en particulier dans les entreprises et dans la grande distribution. Développer le modèle de l’Economie Sociale et Solidaire, et ne pas la limiter à ses champs actuels. Renault, par exemple, qui bénéficie de subventions tout en licenciant et délocalisant, devrait être réquisitionnée et transformée en scop ou similaire ! Et la grande distribution devrait aussi être gérée par une assemblée paritaire consommateurs, producteurs, élus du peuple.

Ces mesures globales nécessitent des décisions politiques. Il faut donc inviter nos concitoyens à revenir vers la politique. Rappelons un de nos slogans : il faut sortir du capitalisme pour sauver le climat, la planète, l’Humain. Et comme la société ne changera pas toute seule, il faut la pousser un peu.

Il ne faut pas se résigner, il faut faire plus que s’indigner : il faut s’engager.

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