Consultation publique : Création de ZAC « Cluster des Médias »

Avis du MNLE 93 et Nord Est parisien

L’Aire des Vents est régulièrement occupée pour des activités culturelles et sportives, vol à voile, cyclisme (entraînement et épreuves) et autres qui ne peuvent se pratiquer que sur ce site en Seine-Saint-Denis. Espace naturel sensible, l’Aire des vents est partie intégrante du Parc Georges Valbon. Elle ne doit pas être dénaturée. Pour que les villes autour soient « des villes jardin », il faut sanctuariser le parc et étendre ses espaces verts.

Le projet de « Cluster des Médias » ce sont 10 hectares d’espaces verts réservés au grand public et perméables supprimés avec l’abattage de nombreux arbres anciens de hautes tiges. Alors qu’il faut faire entrer le parc dans la ville, on nous vend une privatisation des espaces publics.

Il s’agit de se saisir des JOP 2024 comme accélérateur pour faire de la densification urbaine. Tous les sites concernés par les JOP 2024 dans le département obéissent à l’objectif convoité de la Métropole parisienne.

Les adeptes du projet préfèrent avancer sans dire mot sur l’après JO et les conséquences pour les habitants. Pourtant, les trois Maires des villes concernées, le Département, la Présidente de la Région et enfin l’Etat sont tous membres du Conseil d’Administration de SOLIDEO (Société de livraison des Ouvrages Olympiques) et certains d’entre eux en sont vice-président, leur acceptation de l’après JOP 2024 ne fait aucun doute et leur silence sur cette phase finale est pour le moins inquiétant.

Le Cluster des Médias en vue des jeux olympiques et paralympiques n’est qu’une phase intermédiaire vers l’un des nombreux projets d’aménagement du Grand Paris. L’objectif est de construire des logements et des commerces en cédant du foncier, public, réservé depuis les années 60 à de l’espace vert : logements de standing, inaccessibles aux habitants des communes concernées ou encore avec des loyers que les salaires moyens de Seine-Saint-Denis ne pourront payer. Ainsi que devient l’intérêt général ?

Le projet vise la construction de 1 300 logements et pour le faire accepter prévoit quelques aménagements attendus depuis longtemps par les habitants.

Les besoins des habitants ne sont pas abordés dans ce projet urbain détaillé dans un long document d’étude d’impact (522 pages) au vocabulaire propre à décourager le plus grand nombre possible de citoyens.

C’est la marche forcée vers la gentrification et l’éloignement vers la grande banlieue des populations les plus modestes par un prix inabordable du loyer ou de l’accession à la propriété.

Pourtant cette partie de territoire avec l’aéroport, le parc des expositions, le musée de l’air et de l’espace, le parc départemental et les lignes de transports, est d’un point de vue urbain, très riche.

Pourquoi continuer à affirmer que le territoire est morcelé, mal desservi…. Pourquoi « s’inquiéter » aujourd’hui des nuisances subies par les riverains de l’A1 alors que toutes leurs demandes d’améliorer leur situation sont restées lettre morte depuis plus de 20 ans.

On retrouve dans ce dossier les mêmes arguments que ceux qui nous ont été servis pour vanter en 2015, le projet de construction de 24 000 logements dans « les franges » du parc Georges Valbon.

Cette fois l’impératif est Olympique, supposé incontestable ! Le Cluster des Médias fait bien partie du dossier initial, mais il était question d’aménagement provisoire (au même titre que le Champs de Mars, le château de Versailles, les Invalides) rien ne contraint à ce type d’urbanisation. Par conséquent, une alternative est possible.

Il s’agit, en fait, de supprimer un espace vert public pour le céder aux appétits financiers de promoteurs, construire et densifier. Compte tenu du parc hôtelier dans un rayon de 5 km, cet équipement « en dur » n’est pas indispensable ! Que restera-t-il de ces importants investissements pour les populations locales ?

Ce secteur va souffrir des nuisances liées aux travaux de la ligne 16. La Société du Grand Paris ayant refusé de faire transporter les terres excavées par voie ferrée, ce sont 400 camions/jour pendant 18 mois qui vont dégrader les routes, les abords du parc Georges Valbon et le cadre de vie des populations. Et qu’en sera-t-il des nappes phréatiques du parc et de son label « Natura 2000 » ?

Les espaces verts et ses arbres incarnent une forme d’insubordination à l’économie de marché. Détruire le plus grand, comme le plus petit espace vert, c’est détruire des écosystèmes constitués au cours des dernières décennies, qui ne trouveront pas de compensation. Compte tenu de la profondeur des pollutions, il faudra de nombreuses années pour que le terrain des essences puisse être intégré au parc, à ce propos, aucun engagement n’est pris dans le dossier de ZAC…

Là où nous voulons simplement une ville où habiter, circuler, travailler, apprendre, se cultiver, flâner, partager des espaces de vie et faire nos courses… il nous est proposé une ville rationnelle, une machine à sous où toutes les fonctions sont soumises à la sacro-sainte loi du « business ».

Nous avons l’expérience de ces formules officielles et passe partout : « embellissement urbain », « désenclavement », « résidentialisation », « reconquête », « territoire morcelé » etc. Elles accompagnent systématiquement les grands projets, qui deviennent des grands chantiers du BTP pour être finalement des grandes dévastations de l’environnement obligeant à des « exodes » de populations.

Ce projet est surtout une importante densification urbaine :

  • 1 300 logements, principalement en accession à la propriété, seraient in-fine construits en bordure de la D40 déclassant 10 hectares d’espace naturel public de l’Aire des vents,
  • Les hectares restants se trouveraient en « fond de parcelle » avec une visibilité et accessibilité faible laissant naturellement penser à une densification complémentaire après 2024. Le percement d’une voie bus et cyclable entre le rond-point de la Comète et la rue M Bokanowski préfigure une traversée de véhicules vers le centre-ville,
  • 1 300 logements, c’est entre 3 500 et 4 500 habitants en plus à Dugny, qui compte aujourd’hui ± 10 500 habitants, soit + 43 %,
  • 1 300 logements, c’est au moins 2 000 voitures en plus, des difficultés de circulation accrues sur un réseau routier déjà saturé,
  • 1 300 logements, c’est un plus grand nombre d’enfants et de jeunes à accueillir en maternelle, primaire, collège et lycée. Le dossier est très discret sur ce sujet.
Les questions essentielles auxquelles il importe de répondre sont celles des habitants :
  • Réduire les bruits impactant fortement la population (aériens et routiers) et les nuisances de tous ordres (renforcées par l’évacuation par la route des excavations de la ligne 16).
  • Améliorer la qualité de l’air, faciliter les transports collectifs, aménager le territoire pour réduire les temps de trajets domicile – travail, améliorer les circulations piétonnes et faciliter les mobilités « douces », résister au changement climatique et en réduire les impacts par l’adaptation des villes et de l’habitat.
  • Maintenir les emplois existants et sur la base des savoirs faire du bassin d’emploi, en créer de nouveaux, redynamiser les centres-villes, entretenir l’habitat collectif pour en stabiliser sa population, adapter les infrastructures scolaires avec les équipements sportifs.
  • Parce que ce projet n’a pas pour objectif de répondre aux questions et aux besoins des habitants,
  • Parce que cette consultation use de codes inaccessibles au plus grand nombre,
  • Parce que le projet est -stricto sensu – une densification urbaine sans rapport avec les besoins des communes et à l’opposé des intérêts de ses habitants,
  • Parce que le projet ne respecte pas les enjeux environnementaux, qu’il détruit des espaces verts et de nombreux îlots de diversités et leur biodiversité, sans assurer les continuités écologiques ni apporter de véritables compensations,
  • Parce qu’il faut stopper toute imperméabilisation des sols en Île-de-France.
  • Parce que ce projet est « en trompe l’œil » et amalgame accueil des JOP et densification urbaine,
  • Parce que nous pensons qu’une alternative est possible pour l’après Jeux
 L’espace et le territoire sont des questions citoyennes et ne supportent aucune injonction. Il s’agit de biens publics, les citoyen.ne.s doivent pouvoir, objectivement, décider de leur environnement.

Le MNLE 93 et Nord Est Parisien ÉMET un avis defavorable

Pantin le 19 mars 2019

 

Avis MNLE 93 du 10 mars 2018
Procédure simplifiée de révision du PLU de l’Aire des Vents à Dugny – La Courneuve

Télécharger le communiqué en cliquant  ICI

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