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ALTEO le point de l’été

Cet article fait un point sur des sujets couramment rencontrés dans les événements qui concernent le destin de l’usine ALTEO de Gardanne. La position stratégique du MNLE a été présentée ICI. Nous restons fermes sur cette position. Il s’agit de mieux rentrer au cœur du dossier.

La Longueur Du temps

La direction d’ALTEO s’est donnée 18 mois pour choisir un scénario d’évolution du traitement des rejets liquides et solides de l’entreprise. Ce temps est-il nécessaire ? il est en effet possible de prétendre que les actionnaires veulent gagner du temps. Ce n’est jamais de gaité de cœur qu’ils dépensent de l’argent.
Nos informations ne nous amènent pas pour le moment à cette conclusion. Il existe en effet des difficultés objectives à résoudre. Elles sont de différents ordres, techniques et juridiques avant d’être économiques. ALTEO agit pour les résoudre depuis quelques années.
il ne s’agit donc pas de trouver a priori des excuses à la lenteur reprochée à ALTEO dans
la mise en place d’un premier traitement des rejets maritimes. On pourrait certainement
en trouver dans les difficultés à stabiliser la stratégie industrielle d’une entreprise qui a plusieurs fois changé de propriétaires. ALTEO a aujourd’hui précisé sa place sur un marché
international de produits de haute technologie. Des mesures significatives de réduction
des pollutions maritimes ont été effectivement prises. Nous ne sommes pas au bout du chemin mais nous sommes dans une autre perspective dont l’issue n’est pas encore écrite.
Les Boucles De L’économie circulaire L’amélioration de la qualité des rejets maritimes a débouché sur la nécessité de stocker des argiles qui ont un statut de déchets inertes et non dangereux. L’opération s’effectue sur le site de MANGEGARRi. L’autorisation du stockage se termine en 2021. Autant dire que la pérennité de l’entreprise repose non seulement sur la capacité d’améliorer la qualité des rejets liquides jusqu’à permettre leur réutilisation, mais également sur les opportunités de valorisation des rejets solides. Il faut donc passer du schéma linéaire de l’élimination par le rejet dans le parc maritime à des boucles de valorisation. il ne s’agit pas d’empiler des techniques mais de rendre cohérente un ensemble d’opérations enchevêtrées.
Par exemple la neutralisation des rejets liquides produirait 13000 tonnes de boues métalliques. C’est une opération qui ne présente pas de difficultés opérationnelles particulières. Mais que faire de ces boues qui contiennent une faible proportion d’arsenic?
Cette question ne reçoit pas aujourd’hui de réponse simple. il faut en trouver une qui soit
autre chose que la mise en décharge. Ce n’est pas impossible. il faut du temps car cette
nouvelle boucle ne pose pas seulement des questions techniques mais juridiques.
Un cadre Juridique en gestation La notion d’économie circulaire est encore bien floue et sujette à différentes interprétations. Elle ne se réduit pas au recyclage mais ne peut pas s’en passer. C’est pour cela qu’il faut faire appel à une réglementation autorisant la ressource valorisable à sortir du statut de déchet. La loi du 17 août 2015 s’appuie sur la directive européenne 2008-98. Mais malheureusement les déchets des industries extractives, donc la bauxaline d’ALTEO, sont exclus de son champ d’application. Elle renvoie à une autre directive qui ne traite pas de la sortie du statut de déchet !
Mais l’État est autorisé à prendre des dispositions en adaptant les critères généraux de
la directive. De toute manière il faudra des textes spécifiques d’application à chaque type
de déchet au regard de la filière industrielle dans laquelle on espère l’intégrer. L’arsenal
actuel est d’ailleurs bien mince. Mais la voie est défrichée.
La directive indique que la valorisation doit respecter quatre critères: «la substance ou
l’objet est couramment utilisé à des fins spécifiques ; il existe un marché ou une demande
pour une telle substance ou un tel objet ; la substance ou l’objet remplit les exigences
techniques aux fins spécifiques et respecte la législation et les normes applicables aux
produits ; l’utilisation de la substance ou de l’objet n’aura pas d’effets globaux nocifs pour
l’environnement ou la santé humaine »
L’Etat doit décider des critères à respecter pour que cette procédure soit applicable, en
général par arrêté et par décret si nécessaire s’il faut modifier la réglementation des établissements classés ou l’application d’une norme obligatoire. il y a du pain sur la planche. Le ministère du développement durable et de l’énergie a-t-il les moyens de cette ambition ?
ALTEO devra mouiller la chemise. Le MNLE veillera au grain et prend des initiatives pour
faire avancer les chantiers.

ni colbertisme, ni libéralisme !
Car la valorisation de la bauxaline, nom donné par ALTEO aux déchets d’argiles, peut
prospérer dans cinq filières : briques, argiles expansées, restauration de sites miniers, dé-
phosphatation de rejets liquides notamment dans les stations d’épuration d’eaux usées,
géopolymères. Le développement est à des stades divers, a fait et fait l’objet de recherche
et de démonstrations par ALTEO.
Reste que la sortie du statut du déchet n’est pas un exercice abstrait mais s’effectuera
concrètement au moment où l’industriel qui utilise la ressource certifiera avoir reçu le
déchet avec des propriétés conformes aux spécifications officielles et avoir souscrit aux
moyens de contrôle demandés. La question du partage de la responsabilité juridique n’est
pas tranchée aujourd’hui. Nous plaidons pour qu’elle ne soit plus celle du producteur de déchet puisqu’il aura respecté la légalité. Nous demandons donc que la sortie du statut du
déchet ne soit pas un contrat privé entre deux ou plusieurs parties. La puissance publique
doit avoir les moyens de prévoir, contrôler et évaluer. Dans le fond l’économie circulaire est
d’abord une volonté politique de faire évoluer la production et la consommation. C’est un
projet citoyen où le service public doit jouer les rôles de planificateur, d’animateur et de
catalyseur. un apprentissage qui malheureusement s’opère dans un contexte de restriction du personnel d’un ministère qui a également délégué beaucoup de compétences dans des agences. Les moyens décentralisés de l’Etat devront en particulier être augmentés avec de réelles compétences.
Car cet engagement nécessaire de la puissance publique ne dispense en rien ALTEO
d’agir avec vigueur. La loi exige en particulier que le demandeur fasse la démonstration du
respect  des  quatre  critères  légaux  énoncés plus  haut.  il  faudra  aussi  trouver  le  réseau
d’acteurs industriels ou serviciels capable de développer progressivement les actions dans
le  cadre  d’une  stratégie  de  long  terme.  Là aussi, c’est in nouvel apprentissage qui devra
se heurter aux aléas et soubresauts des marchés  sur lesquels il s’appuie. Ni colbertisme,
ni libéralisme !

conserver Le cap

Le  problème  n’est  donc  pas  si  facile  à  résoudre.  Dans  un  contexte  mou  d’affaiblissement  du  rôle  de  la  puissance  publique et  de  morosité  économique  où  l’industrie  a perdu son rôle moteur, devant les difficultés réelles qu’ils rencontrent, les dirigeants d’ALTEO  pourraient  avoir  le  réflexe  d’abaisser la garde, de choisir un scénario qui, tout en améliorant  la  situation,  ne  va  pas  jusqu’au bout des espoirs. Rappelons que l’enjeu de la suppression de tout rejet maritime est essentiel.  La valorisation de la bauxaline prendra très  probablement  du  temps.  Le  recours  à un comité de pilotage est une bonne chose.
Le MNLE, comme il le fait depuis le début de l’année, fera son possible pour que le débat
nécessaire soit le plus fructueux possible et aille au-delà des a priori. N’oublions pas que
nous remettons de la complexité là où, dans le  passé,  les  pratiques  ont  été  sectorisées
quand elles ne sont pas diabolisées.

Compteur Linky… Ne pas se tromper de cibLe !

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linky-02Il est de bon ton, aujourd’hui, de contester la mise en place du compteur électrique « Linky » ou de son équivalent en gaz, « Gazpar ». Certains particuliers refusent le changement de leur compteur, quelques municipalités prennent des arrêtés pour interdire l’opération sur leur territoire et la FNCCR (Fédération Nationale des Collectivités Concédantes et Régies) a demandé des éclaircissements sur la valeur juridique des refus.
La seule et unique question qui préoccupe l’ensemble des personnes qui s’expriment sur le sujet est : « Linky est-il dangereux pour la santé ? ».
Comment expliquer cette obstination à vouloir ramener toutes les discussions sur un seul et unique thème ?

Vous trouverez ci-dessous les documents qui nous ont permis de réaliser le dossier sur le compteur Linky dans le N°122 de la revue Naturellement.

Vous pouvez vous servir de ces documents pour vous forger une opinion ou pour communiquer sur le sujet.

 

Analyses et considérations (amères) sur le dessèchement des oliviers dans les pouilles

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Il y a un peu plus de deux ans, dans certaines oliveraies des Pouilles, ont été signalés des cas de desséchement d’oliviers dans une zone au sud de Gallipoli dans le Département de Lecce  (Italie du Sud).

Un dramatique constat

Les plantes touchées par  le phénomène présentaient la symptomatologie suivante :

-abondants dessèchements du feuillage, de branches isolées ou de la plante toute entière

-brunissage interne du bois des branches plus jeunes et du tronc

-feuilles partiellement desséchées dans leur partie supérieure et/ou sur les bords

Le Service de phytopathologie des Pouilles en collaboration avec l’Université de Bari et le CNR (l’équivalent du CNRS français) ayant effectué sur les plantes touchées toutes les analyses de cette maladie ont identifiés un ensemble de potentiels agents responsables de cette symptomatologie qu’ils ont appelé « phénomène complexe de desséchement rapide de l’olivier » (voir fiche technique).

Les agents responsables du phénomène étant : la bactérie phytopathogénique  Xylella Fastidiosa, le lépidoptère Zeuzera pyrina  et certains mycètes du bois qui se développent dans les vaisseaux lymphatiques de la plante et qu’on sait être les responsables de desséchement des plantes et des vignobles.

Il est à noter que la Xylella Fastidiosa avait été inclus depuis des années par l’Union Européenne dans une liste dite de «  quarantaine »  (Directive du Conseil de l’UE 2000/29/CE) car on l’avait déjà remarquée sur tout le territoire de l’Union

Le risque de la diffusion de la bactérie , au vu de son caractère dangereux pour bien des espèces végétales, a déclenché toute une série d’actions communautaires , nationales et régionales destinées à éradiquer la maladie dans ses foyers d’infection des Pouilles et éviter qu’elle atteigne le reste du territoire .

La nature de la bactérie

La Xylella Fastidiosa a des exigences nutritionnelles complexes et pour cela est difficile à cultiver « in vitro » (en laboratoire). Elle a été observée pour la première fois en 1882 en Californie sur des vignobles.

Cette bactérie est en effet connue comme un « agent » d’une grave maladie des vignobles, dite  « Maladie de Pierce » et a été toujours étudiée comme telle.

Mais les vignobles ne sont pas les seuls « hôtes » de la Xylella Fastidiosa : pendant tout le siècle dernier elle a été observée sur plus de 150 différentes espèces de plantes spontanées ou cultivées.

Comme nous l’avons déjà indiqué la bactérie se multiplie dans le tissu de la plante et provoque l’obstruction des vaisseaux qui permettent le passage de la lymphe.

La maladie semble être strictement liée à la température ambiante : des valeurs entre 25° et 32° C sont les températures les  plus idoines à la multiplication de la bactérie et donc à son développement épidémique.

Par contre des températures au-dessous de 12-17° C et/ou au-dessus de 34° peuvent empêcher la  permanence de la bactérie dans les plantes « hôtes ».

La sensibilité de la Xylella Fastidiosa aux basses températures explique probablement, mais seulement en partie, sa distribution géographique qui apparait être limitée aux aires tropicales et sub-tropicales

La bactérie agit indifféremment vers le haut ou vers le bas, ce qui fait qu’on la retrouve même dans des racines. Elle se répand facilement sur des courtes distances avec le matériel de propagation (déchets du bois etc.) ou par des plantes entières et des greffes.

Mais la transmission la plus efficace est opérée par des insectes qui se nourrissent de la lymphe des plantes, en général des lépidoptères qui fonctionnent en tant que vecteurs à court et moyen rayon.

Heureusement ces insectes  ne sont plus infectés après la mue.

Le seul insecte qu’on a observé dans les Pouilles pouvant «  transporter »  et transmettre la maladie est le Philaenus spumarious ( Lynné , 1758 ) dit vulgairement en italien « sputacchina ( crachat ) » qui vit aussi sur le terrain en bas des plantes ( détail très important pour la lutte contre la maladie , comme nous verrons par la suite ) et sur les jeunes pousses des arbres .

Par contre la diffusion sur des longues distances est l’œuvre de l’homme à travers :

  • L’activité commerciale de matériaux infectés (bois, feuillages etc.)
  • les moyens de transport  et les machines utilisées

La Xylella Fastidiosa ne se reproduit pas dans les graines et semences. La période  d’incubation de la maladie est normalement très longue mais cela dépend beaucoup de l’espèce de la plante « hôte » et à l’intérieur d’une même famille par sa variété (ou cultivar)  entre quelque mois et une année et parfois même plus.

La grande virulence de ce micro-organisme a poussé les chercheurs et les techniciens des pays où elle est présente depuis longtemps, à mettre en place différents systèmes de prévention, à savoir : l’emploi de variétés résistantes, l’utilisation de pratiques culturelles et d’hygiène appropriés, utilisation de moyen de lutte chimique et/ou biologique contre les insectes vecteurs.

La situation dans le Département de Lecce (Salento)  

Sans aucun doute dans une situation d’urgence épidémique on doit intervenir avec décision pour empêcher une ultérieure diffusion et contagion de la maladie

Les chercheurs des Pouilles qui dans un premier temps ont parlé d’un « phénomène complexe de desséchement de l’olivier », pouvant être causé en principe par l’action de plusieurs agents pathogènes à la fois (le lépidoptère  Zeuzera pyrina, les mycètes et la Xylella Fastidiosa) semblent par la suite avoir attribué l’origine de la maladie à une seule cause épidémique (la Xylella) en reléguant les autres agents possibles à des rôles purement complémentaires.

 Mais à aujourd’hui nous ne disposons encore pas des données suffisantes pour déterminer la réelle valeur pathogénique de la Xylella et nous ne savons donc pas avec certitude qui ou quoi est effectivement responsable de la maladie.

Des décisions incertaines et très peu adaptées pour la défense environnementale du territoire ont pour le moment ouvert le chemin à des polémiques  ou à un contentieux et ont été la cause d’actions inconsidérées (éradications sans critères) ou, encore pire, d’inaction aboutissant à la fin à confier la responsabilité décisionnelle à une instance qui n’a aucune compétence en la matière : à  savoir la magistrature.

Les experts nommés par la magistrature de Lecce croient que la bactérie était localisée depuis longtemps dans les Pouilles mais c’est seulement par le contact avec d’autres variétés venues d’autres continents qu’elle est devenue dangereuse et épidémique suite à des mutations génétiques intervenues.

Mais dans leur expertise il n’y aucune indication d’une diagnose ni d’une thérapie possible.

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 Quelle leçon pouvons-nous tirer de tout ceci ?

 S’il n’est pas possible de trouver  des solutions immédiates au problème, on peut par contre tirer des leçons de nature « générale ».

 La solution pourrait être dans une vision globale  (complexe) des interventions possibles qui puisse envisager des mesures moins drastiques, mais qui prennent plus tôt en compte la nécessité de rétablir un équilibre des écosystèmes.

Il est aussi à espérer que l’énième alarme (et le risque de destruction en masse d’espèces qui s’ensuit) puisse amener à une révision des systèmes de formation des experts et à la création de nouvelles typologies d’ingénieurs agronomes, les « agro-écologistes ».

L’objectif final est celui de promouvoir un processus d’évolution de l’agriculture par l’application ponctuelle de systèmes qui prennent en compte d’une part  l’interaction entre  différentes espèces vivantes et d’autre part entre celles-ci et des autres entités non vivantes (le sol, l’eau et le climat).

Voilà quel est l’enjeu majeur  dans le futur.

Vincenzo Rotondo
Biologiste et phytopathologue

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Chronologie et état des Lieux de l’épidémie de «  Xylella » dans les Pouilles

Le 21 Octobre 2013 l’Italie informe tous les Etats membres de l’Union Européenne et la Commission Européenne de l’existence de la bactérie « Xylella Fastidiosa « (sous-espèce « pauca » de type  CoDiRo) dans le territoire de la Province de Lecce (Région des Pouilles) et précisément dans la Commune de Gallipoli.

Les experts de l’Université de Bari font le rapprochement entre l’existence de cette bactérie et le phénomène appelé en italien « CoDiRo », ce qui veut dire « assèchement rapide et complet de l’olivier ». Les autorités de la Région des Pouilles reconnaissent formellement par un arrêté du 18 octobre 2013 la référence au lien de cause à effet entre la bactérie en question et l’assèchement « rapide » de l’olivier.

 La Région déclare que ce lien a été  « clairement » établi par les Services régionaux compétents.

En conséquence de cet arrêté il est procédé le 12 avril 2014 à une première éradication de 104 oliviers dans 5 zones infectés assez éloignées les unes des autres et concernant  les communes de Trepuzzi, Cupertino, Surbo et Sternatia  de la Province (Département) de Lecce.

Par le moyen de plusieurs “ Décisions exécutives “ l’Europe demande au Gouvernement italien de combattre sans tarder la bactérie. En conséquence, un décret du Ministère de l’Agriculture en date du 26 septembre 2014 pose les bases d’une étude d’un plan d’urgence qui est confié au Commandant Régional (des Pouilles) du Corps des Eaux et Forêts : Général Giuseppe Silletti, nommé Commissaire Extraordinaire.

Le plan envisage la coupe des oliviers malades mais aussi celle des oliviers sains dans un périmètre de 100 mètres. Ce qui signifie compte tenu de la densité des oliveraies la coupe de milliers d’oliviers. En avril 2015 le plan entre officiellement en exécution et on procède à l’éradication des sept  premiers  arbres malades dans la Commune de Oria, mais les protestations de la population empêchent la coupe d’autres arbres.

On passe donc à l’éradication de quelques  arbres dans une autre Commune (Veglie), mais là aussi des fortes oppositions des agriculteurs arrêtent les coupes. De plus les organisations  agricoles de la région saisissent le Tribunal Administratif Régional (TAR) qui accepte leurs arguments  et décide que le  « plan » Silletti soit suspendu.

Le 18 mai 2015 la Commission Européenne émet une deuxième «  Décision Exécutive » qui suspend elle aussi le plan Silletti  et pose les bases pour un autre plan afin de “ bloquer et éliminer la bactérie “.

Entretemps, il apparaît que, contrairement à ce que les Services Régionaux avaient annoncé , les Laboratoires de Phytopathologie de Bari ( chef-lieu de la Région ) ne sont pas encore arrivés à déterminer l’exacte pathologie de la bactérie Xylella  et à établir un lien « incontestable » de cause à effet entre celle-ci et l’assèchement des oliviers touchés dont on observe qu’il touche  seulement les plus vieux, presque toujours centenaires.

Par conséquent le Procureur de la République de Lecce a formulé récemment un arrêt d’urgence visant à mettre sous séquestre tous les oliviers de la Région affectés par la maladie.

En même temps il a mis en accusations dix personnes : en premier lieu  le Commissaire Extraordinaire pour le plan d’intervention, le Général Silletti.

Parmi ceux-ci l’ancien et l’actuel Directeur des Laboratoires Régionaux de Phytopathologie , le Directeur du Service régional de l’ Agriculture , les Directeurs des Services régionaux des Politiques Européennes et du Développement Agricole , le Directeur du Centre indépendant de Recherche de Loco Rotondo et professeur à l’Université de Bari de Pathologie Végétale , le Directeur du Centre régional des recherches ( CNR ) , un chercheur du même Centre , un autre chercheur du Centre Méditerranéen  de Recherche Agronomiques ( IASM ) de Bari .

Les délits attribués aux accusés sont : diffusion de maladie des plantes, viol frauduleux des dispositions de loi en matière d’environnement ; faux et usage de faux par un fonctionnaire public, faux idéologique, destruction d’éléments du patrimoine environnemental (oliviers centenaires). Tous ces délits étant  perpétrés depuis  2010 à aujourd’hui.

Le 28 Décembre dernier le Tribunal de Première Instance de Lecce a confirmé la décision du Procureur de la République. Toute coupe d’arbres est interdite.

A ce jour les Centres de Recherche et les Laboratoires de Phytopathologie continuent leurs études sur comment éradiquer la bactérie  «  Xylella Fastidiosa », établir un lien « incontestable  » entre celle-ci et l’assèchement de certains oliviers et surtout de trouver des remèdes alternatifs à l’éradication des arbres encore sains.

Antonio Bruno – Ingénieur Agronome
Membre du CICC

XXIe Université d’été : Les SOLS !

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Premier volet d’une série d’article préparatoire à l’université d’été du MNLE Réseau Homme&Nature fin août 2016. Lorsqu’on parle « SOL » évidement on pense agriculture. C’est le premier volet de ces articles préparatoires à la réflexion collective. Le « SOL » urbain comme celui des espaces industriels seront traité dans le prochain numéro de la Revue Naturellement.

DES SOLS VIVANTS  POUR L’AGRICULTURE.

Occupant une position  centrale dans les échanges entre lithosphère, hydrosphère, atmosphère et biosphère, les sols sont un milieu vivant encore largement méconnu. C’est aussi une ressource naturelle à la fois diverse, abondante, mais fragile et peu renouvelable. Si des sols fertiles ont été de tout temps la base des activités agricoles, les processus d’artificialisation et d’industrialisation en cours peuvent remettre ce lien en cause. Cible et réceptacle des pollutions de toutes sortes, les sols agricoles peuvent être érodés, appauvris, déstructurés, mais ils peuvent aussi être amendés, améliorés, enrichis. Les sols cultivés sont aussi de plus en plus menacés par la concurrence d’autres activités, stérilisant de manière quasi irréversible des surfaces considérables, et par des accaparements de terre. C’est pourquoi, pour la survie même de l’agriculture, des sols vivants doivent être protégés de pratiques destructrices comme de nouvelles formes de prédation et d’accaparement.  

Du modèle de « polyculture élevage » aux forçages contemporains.

C’est avec la révolution agricole de la Renaissance (assolement quadriennal incluant des légumineuses fourragères, développement des élevages et des fumures associées) que se met en place, en France notamment, un modèle de polyculture-élevage libéré de la jachère, dans le cadre d’exploitations paysannes elles-mêmes libérées des droits seigneuriaux par la Révolution. Ce modèle, à la fois technique, économique et social, reposait sur une valorisation durable et équilibrée des agrosystèmes, dont les sols sont le cœur. Au cours du XXème siècle, avec le développement des villes et des transports, des spécialisations reposant sur la proximité des marchés (ceintures maraîchères), sur des conditions naturelles particulières (vins, fruits, légumes) ou encore sur des rentes différentielles de nature ‘sociale’ (rentes de notoriété et de monopole, appellations, labels) s’inscrivent durablement dans les paysages. Mais ces spécialisations poussées,  – qui posent aux sols des problèmes encore peu abordés – ne concernent somme toute que des espaces relativement circonscrits.

La grande coupure, postérieure à la deuxième guerre mondiale, est celle qui a nettement séparé les productions végétales des production animales, de plus en plus spécialisées et organisées en filières de plus en plus étroitement définies. Cet éclatement du modèle de polyculture-élevage a été mis en évidence depuis quarante ans (FLEURY et MOLLARD en 1976, Claude REBOUL en 1977) : les symboles les plus éclatants en sont d’une part la Beauce livrée  – comme d’autres régions du bassin parisien – à la ‘grande culture’ mécanisée, d’autre part la Bretagne largement dominée par les productions animales (bovins-lait, volailles, porcs). Les conséquences particulièrement préjudiciables et coûteuses de cette séparation étaient déjà clairement identifiées : aggravation des déficits humiques et azotés dans les régions de grande culture, accumulation de déjections organiques et d’azote (sous forme de nitrates notamment) dans les régions d’élevage. Mais dans le même temps la population se nourrissait plus et mieux, du fait de la très forte hausse des rendements par unité de surface, au travers de divers processus d’artificialisation.

Dès la renaissance, les agriculteurs ont en effet amplifié les ‘fonctionnalités’ naturelles des agrosystèmes par des artefacts qui leur ont permis d’accroître et d’améliorer les productions : recours à l’irrigation (de la rigole à l’aspersion), techniques de protection du gel et de recherche de la précocité (châssis, cloches maraîchères, serres) outils de travail du sol plus puissants (culture attelée notamment), techniques simples de fertilisation, sélection des variétés végétales et animales : c’est  la première artificialisation, celle des Temps Modernes.

 Peut-on pour autant parler d’agriculture « industrielle » ?

 Ce faisant, ne prent-on pas le risque de renvoyer de l’agriculture et l’élevage contemporains une image inexacte, simplificatrice, trompeuse – voire imprudente – de l’agriculture ? Six motifs distincts incitent à refuser l’expression, proche d’un oxymore, d’agriculture industrielle.

Mais j’entends bien aussi ce que derrière l’impropre adjectif ‘industriel’ mes contemporains mettent en cause : une concentration de plus en plus poussée des terres et des capitaux, l’irrigation ou les traitements phytosanitaires systématiques, l’entassement de centaines, voire de milliers d’animaux dans des conditions où l’éthique animale est bafouée, la monoculture année après année d’un nombre restreint de clones de blé, de maïs ou de soja, la fuite en avant dans l’appel aux semences PGM résistantes aux herbicides, la présence croissante dans les sols et l’eau de molécules métalliques ou médicamenteuses indésirables, voire toxiques. Ce sont des inquiétudes que je partage, qui ne relèvent pas tant de l’industrie que du modèle technique productiviste.

Une place à part doit être faite aux ateliers d’élevage intensifs, parfois gigantesques, fortement industrialisés. Il s’agit ici, en effet, d’un deuxième ‘étage’ transformateur de productions végétales primaires. Les niveaux de concentration, de spécialisation et de standardisation relèvent d’une conception industrielle ‘du point de vue des animaux’, mais pas nécessairement ‘du point de vue des producteurs’. Il nous faudra y revenir. Mais ils représentent un premier pas dans la séparation entre activités agricoles et sols.

Un lien au sol de plus en plus distendu : du hors-sol aux pseudo-sols et au sans sol :

Dans les productions animales industrialisées la qualification de hors sol est classique, et en première analyse justifiée : en « logettes, en « cases » (individuelles ou collectives) en « batteries », les animaux sont confinés, parfois sur plusieurs niveaux, sans lien avec le sol, en effet. Mais le terme ‘hors sol’ est trompeur, dans la mesure où l’alimentation de ces animaux (fourrages secs ou déshydratés, grains, pulpes et tourteaux) dépend bien d’une agriculture ‘sur sols’ : mais il s’agit de sols très éloignés, provenant d’une autre région, voire de l’autre bout du monde : le soja sud-américain en est l’emblème… C’est l’aboutissement mondialisé de l’éclatement du système de polyculture-élevage : importations massives d’aliments du bétail, avec leurs composantes virtuelles (eau, nutriments, CO2) qui sont autant de prélèvements (donc autant de déficits à combler) d’un côté du monde ; de l’autre, l’accumulation d’animaux issus souvent d’un même clone (dont la vulnérabilité à divers bio-agresseurs impose des règles draconiennes du point de vue sanitaire) et dont les déjections, sans rapport avec les surfaces cultivables, entraînent les excédents d’azote (de phosphore, de résidus de pesticides et de médicaments) dans les nappes et les cours d’eau, jusqu’à la mer.

En production végétale, on peut aussi observer un détachement croissant du sol. Cette rupture se fait de manière progressive. On sait que toute récolte (qu’il s’agisse de grains, de fruits, de fourrages ou de légumes) est un prélèvement, qui entraîne un appauvrissement des sols. C’est le problème aussi vieux que l’agriculture de la reconstitution de la fertilité. Au 19ème siècle, l’agriculture française a eu recours à des apports de nitrates (du Chili), de potasse (d’Alsace) et aux scories de déphosphoration (de la ‘minette’ lorraine). Au 20ème siècle s’y sont ajoutés les engrais azotés de synthèse (ammonitrates, urée), d’autres apports minéraux (oligo-éléments) et diverses techniques (enfouissement des résidus de récoltes, cultures dérobées) corrigeant de leur côté les carences que les analyses de sols mettaient en évidence : on reste là dans le domaine de pratiques en principe améliorantes des sols existants.

De l’artificialisation des sols   

C’est par le biais de cultures très spécialisées et très intensives que l’on passe à la fabrication de toutes pièces de sols artificiels, matériaux non pas vivants mais délibérément inertes (billes d’argile, vermiculite, perlite, laine de roche). Parties de la floriculture et de l’horticulture sous serres, elles ont gagné le maraîchage, y compris en plein air : un exemple encore peu étudié porte sur des pratiques courantes en Loire Atlantique, pour la production de mâches notamment : des sables marins pompés au large, transportés par bateau, sont lavés, puis épandus sur les parcelles maraîchères. De gros rendements à l’hectare, une mécanisation poussée, une productivité du travail élevée, un marché concentré entre quelques mains permettent de dégager des revenus substantiels.  Ces pseudo-sols, simples supports de culture, doivent donc recevoir de l’extérieur tous les intrants utiles, engrais, produits phytosanitaires, oligo-éléments, dont les excédents non immédiatement retenus par les racines s’infiltrent rapidement vers les nappes. Une partie de ces sables, plus ou moins chargés en produits chimiques divers, finit aussi par les fossés et les petits affluents à gagner la Loire. On peut enfin se demander si ces substrats, chimiquement très pauvres, peuvent apporter aux produits récoltés les multiples éléments nutritifs que permettrait leur production en pleine terre. On entre dans des systèmes où la production alimentaire, en se détachant radicalement du sol, devient véritablement industrielle : ainsi les cultures hydroponiques en bacs et sur liquides nutritifs, classiques dans les productions maraîchères actuelles, allant jusqu’aux « usines à salades », aux « tours légumières » urbaines, où le soleil est remplacé par des leds.  Outre les laboratoires qui les promeuvent et les firmes qui les exploitent, de tels modèles trouvent des partisans au sein de la mouvance écologiste. Des systèmes comme ‘l’aquaponie’, associant pisciculture et cultures de légumes à partir des déjections des poissons peuvent être donnés en exemple au nom de la santé, de la qualité, de l’économie circulaire et du circuit court, et bien entendu du changement climatique. Certains intégristes y voient une sorte de solution finale pour l’agriculture, par définition pollueuse et prédatrice, la production de nos aliments pouvant être  désormais assurée dans des conditions d’hygiène parfaite et de contrôle intégral de leur composition : et cette agriculture 4S (sans sol et sans soleil) permettrait enfin de rendre à la « vraie nature » toutes les terres qui depuis le néolithique lui ont été arrachées pour la production de notre nourriture. Prenons bien la mesure des illusions  que suscitent ces « fermes verticales » séduisantes au premier abord, mais incapables de répondre aux besoins alimentaires des métropoles, tout en rompant totalement le lien nécessaire entre nature et sociétés humaines.

Retrouver le lien étroit entre l’agriculture et les sols.

La meilleure protection contre la fuite en avant productiviste pourrait bien être le maintien d’un lien étroit entre l’activité agricole et les sols existants, préservés, amendés, enrichis. Renouer avec l’association de l’agriculture et de l’élevage y contribuerait. Passéisme, ou revivification d’un contrat tacite qui a fini par échapper aux agriculteurs ? Dès son ouvrage fondateur « nourrir la planète », Michel GRIFFON opposait aux préceptes de la ‘révolution verte’ « où la synergie agriculture et élevage n’est pas recherchée » une  ‘révolution doublement verte’ faisant de cette synergie un principe de base. De son côté Marc DUFUMIER ne manque jamais non plus de rappeler, parmi d’autres, l’importance de ce lien. Mais ils promeuvent aussi l’un et l’autre une « 3ème voie entre l’agriculture conventionnelle et l’agriculture biologique », celle des « systèmes intégrés », d’où l’élevage est absent. Le poids politico-économique de la grande culture et des organismes qui lui sont liés expliquent sans doute cette timidité à en finir avec une séparation née pourtant des « errements du passé ». L’obsession climatique (qui s’exprime dans la ‘smart agriculture‘) et la chasse systématique à tout gaz à effet de serre joue sans doute son rôle dans la suspicion jetée sur toute forme d’élevage, voire sur toute viande, et en premier lieu sur les viandes dites rouges, provenant de poly gastriques (bovins, caprins ovins et autres ruminants) en effet émetteurs (via le rumen) de méthane, mais capables de se nourrir d’herbes et de fourrages grossiers.

On ne sortira pas facilement du modèle de la grande culture mécanisée, fort de son ancienneté et de ses incontestables réussites techniques et économiques, peu mobile du fait des lourds investissements qu’il suppose. Il n’est certainement pas possible ni même souhaitable de contraindre tel céréaliculteur « performant », au genre de vie aussi enviable que contesté, à se reconvertir à l’élevage laitier sur herbe. L’intégration culture-élevage peut aussi s’opérer au niveau des territoires, bassins versants ou petites régions agricoles, sans oublier les échanges entre bassins légumiers littoraux et couronnes péri-urbaines maraîchères d’une part, régions de basse montagne spécialisées dans l’élevage d’autre part. La formule des Groupements d’Intérêts Economiques et Environnementaux (GIEE) institués par la « Loi d’Avenir » pourrait ouvrir une perspective en ce sens, pour peu qu’une véritable volonté politique puisse les porter. Le dernier objectif – officiellement promu – d’augmenter annuellement de 4 pour mille le taux de matière organique des sols agricoles pourrait aussi y contribuer.

Pierre Lenormand

Loi Macron : une nouvelle menace pour les associations

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Alors que l’examen du projet de loi Macron sur « la croissance, l’activité et l’égalité des chances » se poursuit à l’Assemblée nationale, le Collectif des associations citoyennes alerte sur des dispositions menaçant la participation des citoyens à la vie démocratique du pays. Sous prétexte d’accélérer les délais d’autorisation des projets immobiliers ou d’infrastructures, les possibilités de recours pourraient être fortement restreintes. Toutes les associations recevant majoritairement des fonds publics risquent de « basculer dans le marché et la concurrence » souligne Jean Claude Boual, président du collectif. Point de vue.

La loi Macron intéresse dans tous ses aspects les associations. Loi « fourre tout », elle touche aux droits du travail, de l’épargne salariale, de l’urbanisme, du logement, de l’environnement, des transports, du commerce, des affaires et des professions règlementées, ainsi qu’aux procédures juridiques. Elle transpose plusieurs directives communautaires en accentuant les aspects les plus ultra-libéraux. Elle est à la fois extrêmement vague sur certains aspects et extrêmement technique au plan juridique, si bien qu’il est souvent difficile d’en saisir toutes les implications. Pourtant, derrière l’objectif affiché de «renouer avec une croissance durable », cette loi porte un terrible coup à la démocratie.

Une loi qui facilite les grands projets

L’article 24 de la loi prévoit par exemple d’étendre la construction de logement dans les zones boisées urbaines[1]. S’ajoutent les articles 26 et 27 qui « sécurisent des opérations d’importance majeure » en étendant l’autorisation en matière d’installation classée. Ainsi, par des modifications complexes du code de l’urbanisme, toutes les autorisations relevant des divers droits de l’environnement, des zones humides, de la biodiversité, des espèces protégées, etc. devront être coordonnées bien qu’elles relèvent d’administrations différentes et de compétences diversifiées entre l’Etat et les collectivités locales. L’enjeu : que le permis de construire soit délivré en moins de cinq mois ! Résultat, une construction illégale qui serait entreprise sans ces autorisations ne pourra pas être détruite sauf exception rarissime. Toutes ces dispositions seront prises par ordonnances dont nous ne connaissons pas le contenu à ce jour. Ce qui ressort très explicitement, c’est la restriction des droits des citoyens pour ester en justice contre les projets immobiliers ou d’infrastructures, sous prétexte d’accélérer les délais d’autorisation.

L’article 27 comprend également un dispositif spécifique – « le certificat de projet » –  qui semble être destiné à légaliser par avance des opérations telles qu’Europa City, un gigantesque projet commercial développé par Auchan dans le Val d’Oise[2]. Ces certificats de projet pourraient ainsi être délivrés pour « les projets de création de locaux ou d’installations (…), lorsqu’ils présentent un intérêt majeur pour l’activité économique, compte tenu du caractère stratégique de l’opération concernée, de la valeur ajoutée qu’elle produit, de la création ou de la préservation d’emplois qu’elle permet ou du développement du territoire qu’elle rend possible ». Des autorisations pourront être délivrées dans les régions Aquitaine, Bretagne, Champagne-Ardenne, Franche-Comté et Ile-de-France par ordonnances, jusqu’au 31 mars 2017.

La fin de la concertation

L’article 28 habilite par ailleurs le gouvernement à modifier en profondeur les conditions de concertation et d’accès à la justice pour les citoyens et les associations. Comment ? « En modifiant les règles de désignation et les attributions des autorités environnementales », mais aussi « en permettant que les modalités de la concertation et la participation du public soient fixées en fonction des caractéristiques du plan, programme ou projet, de son élaboration, des concertations déjà conduites ainsi que des circonstances particulières propre à ce plan, programme ou projet ». En clair, une concertation à la carte en fonction des intérêts des promoteurs du projet !

Cet article prévoit également de simplifier les modalités des enquêtes publiques et d’étendre « la possibilité de recourir à une procédure de participation du public unique pour plusieurs projet, plans ou programmes ou plusieurs décisions ». Le règlement des litiges relatifs aux projets susceptibles d’avoir une incidence sur l’environnement pourrait être « accéléré ». Il s’agit en fait d’éviter les multiples recours des associations et citoyens qui retardent les projets. Ce type de mesure est réellement inquiétant car, face à des décisions hâtives concernant plusieurs projets et l’impossibilité de recours juridiques, il ne restera que la contestation par la manifestation et l’occupation.

Une loi qui fait entrer les associations dans le marché

L’article 57 concerne toutes les associations. Il habilite le gouvernement à transposer, toujours par ordonnance, une des directives marché public (2014/23/UE). Ce projet d’ordonnance, en phase de concertation, transpose la directive plutôt de façon ultralibérale, en n’utilisant pas toutes les nouvelles dispositions en matière de critères environnementaux et sociaux. Plus grave, par une petite modification du texte de la directive, ce projet assimile toutes les associations recevant majoritairement des fonds publics à un « pouvoir adjudicateur », obligeant celles-ci à passer des marchés publics pour tous leurs achats au dessus d4 15000 euros, et les faisant ainsi basculer dans le marché et la concurrence.

Au titre de la directive européenne, les pouvoirs adjudicateurs soumis aux marchés publics sont les Etats, les collectivités territoriales, les établissements publics et les « organismes de droit publics » définis comme « tout organisme (…) créé pour satisfaire spécifiquement des besoins d’intérêt général ayant un caractère autre qu’industriel ou commercial, doté de la personnalité juridique ». Certaines associations chargées d’un service public ou des associations créées par l’Etat ou les collectivités locales pourraient être concernées, mais en aucun cas toutes les associations. Or le projet d’ordonnance ajoute « les personnes morales de droit privé », intégrant ipso-facto toutes les associations dont l’activité est majoritairement financées par des fonds publics.

Une procédure d’adoption non démocratique

Nous n’avons retenu que trois exemples, mais beaucoup d’autres dispositions concernent les associations comme celles sur le handicap et le droit du travail, tant pour les associations employeurs que pour leurs salariés. En utilisant « la procédure accélérée » pour faire adopter la loi, le gouvernement limite le temps de débat. Le projet habilite par ailleurs le gouvernement à légiférer par ordonnances; après de simples consultations. Cette procédure donne donc la main à l’exécutif au détriment du législatif.

En 1776, Adam Smith écrivait dans La richesse des nations, à propos des marchands et des manufacturiers : « Toute proposition d’une loi nouvelle ou d’un règlement de commerce, qui vient de la part de cette classe de gens, doit toujours être reçue avec la plus grande défiance, et ne jamais être adoptée qu’après un long et sérieux examen, auquel il faut apporter la plus soupçonneuse attention. » Cette conclusion vaut aujourd’hui à l’attention des banquiers, assureurs, spéculateurs, économistes néolibéraux, et sans aucun doute auprès du ministre de l’Economie Emmanuel Macron.

Jean-Claude Boual

[1]          Concerne les constructions issues d’une opération d’aménagement d’ensemble d’un domaine antérieur au 20ème siècle.

[2]    Lire cet article : http://www.bastamag.net/Toujours-plus-pourquoi-les-centres

Communiqué commun de la FNME CGT et du MNLE sur la problématique de l’étang de Berre

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Au moment où les problématiques du changement climatique et des coûts de l’énergie prennent une importance considérable, il est nécessaire de hausser le niveau du débat public sur les contraintes de la production de la chaîne hydroélectrique de la Durance.

La préservation de l’écosystème de l’étang de Berre amène à une réduction imposée par l’Europe de la production annuelle des aménagements de Saint-Chamas et de Salon-de-Provence de plus de 600 millions de kWh et reportent les conséquences environnementales sur la basse Durance. Bien que la réduction de l’entrée d’eaux douces et de limons dans l’étang ait des effets favorables, cette mesure doit être considérée comme transitoire.

La construction d’un ouvrage de dérivation constitue une alternative raisonnable au cœur du plan de réhabilitation de l’étang de Berre. La création du GIPREB a permis de faire avancer des solutions et évaluer leurs coûts. La transformation du GIPREB en syndicat mixte pourrait être l’augure d’une phase nouvelle, celle du lancement des travaux. L’investissement, variable selon les scénarios, est compris entre 1,2 et 1,8 milliard d’euros.
L’importance des enjeux énergétiques, environnementaux, industriels, économiques et de sûreté du système électrique est à la hauteur d’un tel investissement.
Les études faites par le MNLE montrent qu’une telle somme peut être amortie dans une durée comparable à celle des grands chantiers si on tient compte de la valorisation de l’ensemble de la production électrique retrouvée et des dégâts évités.

La Fédération Nationale des Mines et de l’Energie CGT et le MNLE ont examiné, ce jour, les différents scénarios étudiés par le GIPREB. Ils y trouvent matière à lancer le débat dès que possible.
La FNME CGT et le MNLE porteront conjointement les questions de la prise de décision politique, de l’engagement du projet et de son financement par les différents acteurs, notamment l’Etat et le concessionnaire EDF.
La FNME CGT et le MNLE se tiendront mutuellement informés de leurs initiatives, des actions communes seront construites en fonction des opportunités. Un rendez-vous conjoint est demandé auprès de Monsieur Jean-Louis BORLOO.

Vendredi 27 juin 2008

Contact MNLE : François COSSERAT (Président National) 06 07 68 41 29

ALTEO à Gardanne – Vers une industrie du XXIème siècle

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L’usine ALTEO de Gardanne produit des alumines de spécialité qui entrent dans la fabrication de produits divers et utiles. L’usine est plus connue jusqu’à présent par le rejet  de boues rouges dans le parc naturel maritime voisin. Depuis le premier janvier une filtration permet de ne plus rejeter les argiles qui sont stockées à MANGE GARRI, à proximité de l’usine, sur le territoire de Bouc Bel Air.  L’amélioration, notable, n’est pas suffisante pour respecter les normes. L’entreprise a 6 ans pour continuer à améliorer la qualité de ses rejets liquides.

La problématique a des dimensions qui peuvent être contradictoires : protection de l’environnement, sauvegarde d’une activité industrielle, capacité de l’entreprise à se moderniser. Dans ce contexte, quelle est la volonté des actionnaires ? Nous sommes dans l’incapacité de répondre à cette question. Mais il est clair que l’entreprise disparaîtra si on n’apporte pas des solutions environnementales. Le MNLE a donc mis cette question à l’ordre du jour de son université.

Des solutions possibles….

La documentation disponible et notamment le rapport du BRGM diligenté à la demande  de Ségolène ROYAL, font apparaître des solutions possibles. Encore faut-il du temps pour les préciser et les mettre en œuvre. Encore faut-il prendre en compte toute l’étendue du problème. En effet le stockage des argiles ne durera qu’un temps et fait surgir d’autres questions. Le MNLE a donc posé sa réflexion dans une perspective stratégique qui peut se définir ainsi : appropriation des rejets liquides avec un objectif de réutilisation, valorisation des argiles. L’énergie qui sera sans doute nécessaire devra être renouvelable. Les moyens mis en œuvre devront autant que possible contribuer aux mécanismes de flexibilité de la production-distribution de l’électricité. Donc en résumé mise en place de moyens d’économie circulaire qui obligent à ne pas raisonner seulement sur l’eau et l’entreprise mais sur cette dernière dans sa proximité et ses relations avec l’environnement et l’économie. Ce qui permet de ne pas seulement penser en termes de sauvegarde  de l’emploi mais aussi en optimisation de ressources et créations de valeurs.

Les processus de traitement  des rejets liquides doivent répondre à deux exigences : neutralisation (pH élevé de l’ordre de 12), séparation des boues ainsi formées et des polluants résiduels. Il est alors apparu qu’il était possible de mobiliser du charbon actif, de le fabriquer à proximité à partir de ressources forestières, d’utiliser le gaz carbonique coproduit pour neutraliser les rejets, de replacer la valorisation du charbon actif dans le processus de production d’énergie (c’est un combustible). Pourrait alors s’avérer judicieux un recours à des équipements de gazéification de la biomasse fonctionnant en cogénération et donnant ainsi une ouverture sur la production électrique et la fourniture d’énergie thermique pour la valorisation des argiles. Donc un scénario possible qui apparaît sans doute comme  assez complexe mais qui ne fait pas appel à des techniques très innovantes. C’est leur assemblage et leur ajustement qui constitue la principale difficulté. La réalité industrielle révèle  presque toujours un lot de surprises.

… à  examiner

Ce sont sur ces hypothèses que le MNLE a abordé l’enquête publique et rencontré la direction de l’entreprise. Nous pouvons aujourd’hui dire que la direction cherche une solution pérenne et accepte de rendre compte régulièrement de ses efforts. Le scénario que nous avons esquissé n’est sans doute pas le seul envisageable. Nous allons donc dans une poursuite des échanges pour clarifier la stratégie et définir un calendrier.

Le cas d’ALTEO s’inscrit dans une problématique plus vaste, celle de la place de l’industrie dans notre société. Il ne s’agit pas de la délocaliser mais de créer des conditions favorables à son développement. La dimension environnementale en est une parmi d’autres.  Elle n’épuise pas le sujet.  Mais il s’agit d’aller au-delà d’un discours sur le développement durable devant allier l’environnement, l’économique et le social. Le MNLE se tient solidement sur le premier pilier sans oublier les autres. Les chemins ne sont pas entièrement prévisibles. Mais le MNLE tiendra fermement le cap de l’économie circulaire, contribuera de manière autonome, à la définition d’une stratégie dans des échanges contradictoires s’il le faut, avec la  direction de l’entreprise.

COMMUNIQUÉ
Le rapport de la commission d’enquête publique donne un avis favorable aux rejets de la société ALTEO dans le parc national marin, sous réserves.
La commission considère «qu’il est essentiel de prendre impérativement en compte toute amélioration susceptible de rendre le projet plus respectueux de l’environnement traversé et plus socialement acceptable ». La dernière remarque concerne également la conduite d’amenée des eaux à la mer.
La société ALTEO s’engage sur une transparence de ses pratiques et souhaite la mise en place d’un Comité de Surveillance et de Contrôle indépendant, sur la définition d’un programme de « recherches du traitement d’épuration de l’eau » décliné chaque année.
Le MNLE, réseau Homme&Nature, considère que l’enquête a apporté des éléments susceptibles de faire évoluer la question de la pérennité de l’usine ALTEO dans le bon sens. Toutefois le débat a été centré sur la recherche des meilleures pratiques disponibles et n’a pas suffisamment abordé l’économie circulaire. Dans cette dernière optique, les décisions sont prises en fonction de la valorisation de matériaux considérés jusqu’alors comme
des déchets, plus seulement dans une perspective de respect des milieux récepteurs, en l’occurrence la mer. C’est un changement d’éclairage qui devrait produire des effets positifs tant sur le parc naturel que le centre de stockage de MaNGE GaRRI, tout en étant à la source d’activités nouvelles.
Le MNLE qui a fait des propositions allant dans ce sens, poursuivra son action pour qu’elles soient prises en compte.

En savoir plus:
Brochure à propos des boues rouges rejetées par ALTEO de Gardanne

Assemblée Générale 2014 – Produire et consommer autrement pour bien vivre

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L’humanité doit faire face à des défis énormes : démographie, climat, limites des ressources, érosion de la biodiversité. Les politiques pour y faire face sont dérisoires et contre-performantes car tournées vers la recherche du profit. La pression sur la nature est trop forte. Un sentiment d’impuissance se répand qui n’est pas exempt de colère. La précarité et la dévalorisation du travail, les inégalités sociales croissantes augmentent la misère et le mal-être.

Le capitalisme contemporain basé sur le lucre, est en cause. Le lucre c’est la recherche avide et sans fin du profit, dissimulée sous le masque de la raison: le marché capitaliste serait le moyen d’allouer les ressources de façon rationnelle et optimum. L’argent serait le sang de la terre, le porte-monnaie serait l’autel de la sagesse, l’accaparement du profit mobilisant l‘intelligence.

La lutte indispensable pour limiter le changement climatique fait l’objet de manipulation pour faire perdurer une globalisation économique basée sur la négation des valeurs humaines et naturelles.
L’innovation technique, confisquée par les multinationales, crée de nouvelles sources de lucre. Les énergies intermittentes, les Plantes Génétiquement Modifiées (PGM) insecticides ou résistant aux herbicides, les nanomatériaux permettent de conserver avant tout des positions commerciales déjà dominantes, sans précautions sanitaires suffisantes et avec des risques environnementaux avérés.

Le gaspillage est au cœur du système. La production massive d’objets jetables dont
l’obsolescence est programmée, est bien le symbole de cette fatuité d’un système basé sur la volatilité du travail et des ressources naturelles. C’est une économie néo-libérale de l’offre qui ne reconnaît que formellement les limites des ressources et seulement si son existence n’est pas menacée. Elle tend en permanence à les contourner, n’hésitant pas à donner des interprétations abusives à des notions courantes. C’est actuellement notamment le cas avec le recyclage qui permettrait de faire circuler un stock inépuisable de matériaux.

Il ne s’agit pas de nier l’intérêt du recyclage mais d’attirer l’attention sur ses limites. Une loi naturelle établit l’inexorable usure de la matière et de l’énergie au cours du temps. C’est ainsi, par exemple, que l’utilisation du gaz, du pétrole et du charbon disperse dans l’atmosphère du carbone initialement présent dans le sous-sol. La totalité de l’énergie mise en jeu n’est pas récupérée. Une fraction importante se retrouve sous forme de chaleur dans l’air mais elle n’est pas à l’origine de l’impact sur le climat. C’est la présence accrue de gaz carbonique et autres gaz à effet de serre qui entre en cause, donc la dispersion de carbone initialement concentré dans les sols et inclus dans une organisation de matières susceptible de libérer de l’énergie (pétrole, gaz et charbon). En d’autres termes, les activités humaines concourent de plus en plus massivement à créer du désordre dans la matière et à user de l’énergie. Cette notion d’entropie, fondamentale, est passée sous silence.

L’avenir de la planète serait bien sombre s’il n’y avait pas des phénomènes naturels qui
mobilisent l’énergie solaire pour reconstruire l’organisation de la matière. Le principal est la photosynthèse. La production de végétaux est donc essentielle à condition qu’elle ne soit pas dopée aux énergies fossiles. C’est le cas aujourd’hui des agricultures productivistes qui maltraitent le cycle biogéochimique de l’azote avec une incidence forte sur le climat, l’eau et les sols. Le maintien d’une forte efficacité agricole ne peut s’obtenir que par de nouvelles innovations techniques et sociales, y compris dans l’exploitation des ressources forestières, à l’antithèse du projet « des 1000 vaches ». L’intensivité agricole doit avant tout être basée sur l’écologie et les savoir-faire d’agricultures paysannes. La politique agricole commue (PAC) doit être profondément réformée pour faciliter la transition nécessaire.

Dans ce contexte une mention spéciale doit être donnée au nucléaire. L’énergie nucléaire est le produit d’une transformation de la matière. Elle comporte des risques importants spécifiques dont la maîtrise civile (le nucléaire militaire doit être proscrit) doit faire l’objet d’actions plus rigoureuse tant au niveau national (sous-traitance notamment) qu’international.

La place de l’énergie nucléaire doit être reconnue dans les réponses aux défis qui s’imposent à l’humanité. Il ne sera pas possible d’y faire face sans elle mais elle ne peut pas en constituer l’essentiel. La transition énergétique devra être précisée au moment opportun en fonction de deux critères : la tangibilité des résultats obtenus dans la lutte pour atténuer le changement climatique, l’état de l’innovation en matière de productions d’énergies solaires directes et indirectes, du stockage de l’électricité. Les termes du choix ne sont pas actuellement disponibles. Il y a donc lieu de maintenir dans l’immédiat la production nucléaire, de maintenir un niveau de recherche suffisant et d’agir pour augmenter la sécurité industrielle et du stockage des déchets.

Nous sommes dans une période inédite de notre histoire qui se caractérise par une pression et une usure insupportables des dynamiques des phénomènes naturels qui font la vie sur la planète. Il faut donc reconnaître explicitement la limite des ressources naturelles et en tirer les conséquences.
L’intelligence et la créativité humaines peuvent la faire bouger dans une certaine mesure. Il faut donc libérer l’innovation de la gangue du lucre et permettre une diffusion massive de l’éducation de haut niveau et de la culture. Car l’innovation ne peut pas seulement être technique. Il faut remettre en cause la manière de produire et de consommer.

En effet le vieux schéma d’une croissance sans contrainte naturelle doit absolument être
remis en cause. Il n’est plus possible de considérer que la répartition des ressources
disponibles soit réglée par l’argent et donc le marché, même encadré par des normes et des taxes inspirées par la règle du pollueur-payeur. Le droit doit prendre le dessus pour organiser l’égalité d’accès à des ressources limitées. La notion de biens-communs doit exprimer une solidarité planétaire, à commencer par l’énergie et l’eau. L’incapacité des conférences internationales à trouver des moyens pour limiter le changement climatique est bien une preuve manifeste que la question doit être posée différemment.

Plus généralement cette nouvelle donne des rapports entre l’homme et la nature doit être incluse dans une approche sociale et économique des problèmes posés. En d’autres termes l’égalité et la solidarité ne peuvent être que des fruits d’une organisation de la production et de la consommation répondant de manière essentielle aux besoins de tous. Il faut donc progressivement passer d’une économie d’offres lucratives assises sur un marketing verdi et publicitaire à une éco-économie ouverte sur le bien-être du quotidien.

Pour ce faire, il est nécessaire de renverser les rapports entre puissance publique et économie, de permettre l’intervention des salariés dans l’entreprise, de rénover les capacités de l’économie sociale, de conforter les PME, de soutenir l’agriculture paysanne. Les politiques publiques et les politiques industrielles sont alors les moyens d’organiser les
productions de manière démocratique car co-construite. Les services publics animent ce
nouveau développement souhaité et partagé. Le pôle public, en particulier celui de l’énergie, est le creuset de cette rénovation écologique et sociale.

Pour l’habitat par exemple, la fuite en avant technologique et les annonces communicantes sur la maison à énergie positive et les éco-quartiers, ne doit pas nous faire perdre de vue l’essentiel de la question : assurer le confort thermique du parc ancien en réduisant autant que possible les coûts pour l’habitant, amortir la demande hivernale de pointe de l’électricité. Ce n’est pas une utopie si le problème est bien posé et des services publics le prennent à bras le corps. Des exemples prometteurs existent. Le droit au confort thermique peut se construire comme une composante du droit à l’énergie.

Il faut également éviter le piège technologique aujourd’hui tendu de la voiture électrique en répondant aux besoins de manière préventive et curative. L’aménagement du territoire et du travail, l’organisation multi et intermodale des déplacements quotidiens sont prioritaires.
Une automobile sobre en énergie a une place dans cet ensemble, avec des formes nouvelles d’utilisation. Une approche simplificatrice ne permet pas une bonne prise en compte des  besoins.

La partialité des statistiques officielles des émissions de gaz à effet de serre doit être dénoncée. S’il est vrai que la tendance hexagonale est à la diminution des quantités émises à partir du territoire, il n’est pas possible d’en dire autant de celles qui sont assises sur notre consommation finale. Cette réduction relative n’est donc que le reflet des localisations massives des fabrications de biens de consommation dans des pays à bas coût de travail et faible protection environnementale.

Il faut se poser la question d’une localisation nouvelle de moyens de productions industrielles à partir des ressources notamment renouvelables et des déchets fatals, qui sont partout répartis avec de faibles densités. Cette particularité donne une chance aux territoires de retrouver sous de nouvelles formes, des capacités de transformation. Mais il n’y aucun déterminisme économique. Les multinationales peuvent fort bien se saisir de cette opportunité dans une variante de la globalisation dont l’accaparement de terres dans les pays pauvres en est une manifestation éclatante.

Il est possible de trouver un optimum écologique à ce schéma en intégrant sur un territoire les trois écologies, urbaine, agricole et industrielle, tout en prenant en compte ses particularités. Les échanges croisés entre la ville, les industries et les agricultures permettent des substitutions de ressources fossiles par des renouvelables et des valorisations de gisements non valorisés, tels ceux de gaz carbonique par exemple. Ces actions doivent pour être durables, s’appuyer sur une mutation écologique des pratiques agricoles , de l’élevage et de la pêche, mobiliser l’économie sociale, les exploitations paysannes et un réseau de PME. Le rôle de la puissance publique, à tous les niveaux d’administration, est à la fois organisateur, impulseur et catalyseur économique. Elle intervient par l’intermédiaire de services publics dans la gestion des biens communs et la mise en place de droits.

Cette triple écologie n’est pas un repli autarcique mais constitue une occasion pour les
citoyens et les acteurs d’un territoire de s‘approprier de nouvelles compétences et pouvoirs, notamment dans le domaine économique et de combattre un sentiment d’impuissance. Le fonctionnement en réseaux territoriaux, nationaux, européens et internationaux est une expression concrète et nécessaire de la solidarité. Le numérique doit faciliter leurs mises en œuvre. Dans cet esprit, la création de FABLAB par exemple, constitue un moyen nécessaire et important pour partager de nouvelles compétences et contester concrètement le pouvoir des multinationales sur la durabilité des produits.

L’approche territoriale exige, pour réussir, que les différents niveaux politiques, local, régional, national et européen coopèrent et œuvrent ensemble pour prendre les dispositions nécessaires. Il en est de même pour le niveau mondial de l’ONU et de ses agences.

Le développement durable, ça se cultive ! – Présentation

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Présentation du projet

Créé en 2009, après 18 mois de travail, par le MNLE 69, le projet pédagogique « Le développement durable, ça se cultive ! » s’implante dans un premier dans la région Rhône-Alpes.
La mallette pédagogique vise à éduquer les enfants au développement durable par la culture d’une parcelle de blé en Agriculture Biologique. Ce projet s’étend d’octobre à juin et permet d’aborder les différentes thématiques du DD : environnement, économie et société. Il s’adresse avant tout au cycle 3 (CE2, CM1 et CM2) mais a été adapté en 2012 au cycle 2 (grande section de maternelle, CP, CE1).
Les valeurs intrasèques sont la relation au temps et le retour du lien avec la terre et l’agriculture.

Contenu de la mallette

  • un classeur ressource, composé de 52 fiches d’activité en lien avec la culture de la parcelle de blé. Elles permettent d’aborder les trois piliers du développement durable : environnement, économie et société.
  • le livret de l’enseignant. Il permet d’accompagner et d’approfondir certaines fiches.
  • 3 guides découverte : les invertébrés terrestres, les vertébrés et les fleurs du champ de blé,
  • 1 calendrier de suivi de la culture,
  • 1 glossaire
  • les semences

Déroulement

 Le MNLE est accompagnateur du projet. C’est l’enseignant qui mène l’aventure en choississant les activités qu’il souhaite proposer aux enfants.

En complément, le MNLE intervient à trois moments clés :

  1ère demi-journée : présentation du projet, réflexion et mise en place de la culture de blé.

  • 2ème demi-journée : visite d’une ferme, rencontre avec un agriculteur… Cela varie en fonction du territoire.
  • 3ème journée : récolte et transformation du blé en pain, bilan de l’année.

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Visitez le site Internet dédié : http://leddsecultive.toile-libre.org/ 
Pour toutes informations complémentaires, n’hésitez pas à nous contacter au MNLE, par téléphone au 01 48 46 04 14 ou par email à communication@mnle.fr